La crise contamine tous les marchés obligataires de la zone euro

Par Isabelle Croizard  |   |  475  mots
Copyright Reuters
Les tensions sont montées d'un cran sur les marchés de la dette. La France n'est pas épargnée : l'écart entre l'OAT à 10 ans et le bund allemand a atteint un record.

La crise obligataire qui secoue la zone euro, jusque-là cantonnée aux pays dits « périphériques », menace désormais d'entraîner dans la tourmente les pays du coeur de l'Europe monétaire. L'euro a été entraîné dans le maelström, retombant à son plus bas niveau depuis six semaines face au dollar, pour dériver lundi jusqu'à 1,3990, tandis que le franc suisse, star incontestée du marché des changes en cette période d'aversion au risque épidermique, pulvérisait un nouveau record de vigueur à 1,1673. Mais le recul de l'euro n'a rien de comparable avec ce qui s'était passé l'an dernier à pareille époque.

La mise en place, dans une assourdissante cacophonie, du premier plan de sauvetage de la Grèce en mai 2010 l'avait fait dévisser jusqu'à 1,1875 dollar le mois suivant, alors qu'il avait commencé l'année à plus de 1,45. Aujourd'hui, on ne constate qu'un lent effritement. Bouc émissaire de l'époque, où les Cassandre évoquaient son inévitable éclatement à la manière de l'explosion en vol de l'Union latine, il fait aujourd'hui figure de ciment des Dix-Sept liés dans l'aventure de l'Union monétaire européenne.

Car c'est à des pays individuels que s'en prend la spéculation. Pris dans la nasse, les maillons faibles que sont la Grèce, le Portugal et l'Irlande ont vu le rendement de leurs emprunts d'État s'envoler à des plafonds historiques, les taux à 10 ans grecs poussant une pointe à 17,1 %, les portugais 13,44 % et les irlandais 13,38 %, creusant l'écart, le « spread », dans le jargon anglo-saxon avec le très sage bund allemand à des niveaux jamais vus dans l'histoire de la zone euro, le taux de référence allemand se négociant imperturbablement à 2,67 %, son meilleur niveau de l'année.

Mais voici que des poids lourds de la zone euro sont entrés dans la danse. L'Espagne a fait partie des premiers contaminés, le taux des « bonds » à 10 ans grimpant lundi à un plafond de 6,04 %. Mais plus aucun pays, si l'on excepte les traditionnels séides de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la Finlande et, dans une moindre mesure, de l'Autriche, n'est à l'abri. La contagion s'est emparée de l'Italie. Malgré son plan de rigueur, elle est aussi sous la menace d'une dégradation de sa note souveraine et même s'il n'a pas renoué avec son point haut historique de l'an 2000 à 5,89 %, le rendement du BTP italien à 10 ans a atteint 5,70 % lundi, creusant l'écart avec le bund allemand à plus de 300 points de base, un record absolu. Il se rapproche à grande vitesse du seuil de 7 %, qui avait été le déclencheur des demandes d'aide internationale des pays en détresse.

Il est un autre record qui retiendra l'attention : le spread entre le taux de l'OAT française et le bund allemand a, lui aussi, atteint un record absolu lundi, à 66,6 points de base, pulvérisant le précédent point haut de 62,8 qui remontait à mars 2009.