Après la Grèce, la défaillance italienne menace la zone euro

Par latribune.fr  |   |  577  mots
Copyright Reuters
Un deuxième plan d'aide à la Grèce pourrait être nécessaire avant la fin de l'été pour rassurer les investisseurs. Et ce dans un contexte difficile : les marchés sont déjà en train de tester la solidité financière de la troisième économie de la zone euro, l'Italie.

Les marchés financiers, tels les dieux de l'Olympe, sont en train de transformer l'Union européenne (UE) en moderne Sisyphe. À peine les plans d'austérité votés en Grèce et au Portugal, conditions exigées pour le versement d'argent frais de l'UE et du FMI pour ces pays dans l'incapacité de se financer sur les marchés, les Européens doivent trouver rapidement une solution à l'incendie qui est en train de prendre en Italie. Depuis vendredi, les marchés sont en train de tester la solidité du pays, comme le montrent les écarts de taux entre l'Italie et l'Allemagne qui ont atteint des records historiques. Ces écarts augmentaient également pour l'Espagne. Pour ces deux pays - troisième et quatrième économie de la zone euro -, il va devenir plus cher d'emprunter sur les marchés pour financer leurs besoins budgétaires et réduire leur marge de manoeuvre. Cette inquiétude a pesé lundi sur les marchés actions, qui accusaient des baisses allant jusqu'à 3 %, entraînés par les valeurs bancaires.

L'exécutif européen a également pris la mesure du risque. Herman Van Rompuy. président du Conseil européen, a réuni en urgence lundi à un déjeuner de travail les principaux responsables économiques européens : les présidents de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet et de la Commission européenne José Manuel Barroso. Au menu, la nécessité de mieux coordonner les efforts européens pour éviter la contagion, qui menacerait l'ensemble de la zone.

C'est en effet les modalités de la participation des investisseurs privés, en majorité des banques européennes, détenteurs d'obligations, à un deuxième plan d'aide de la Grèce pour 2012-2014 qui fait toujours débat au sein de la zone euro. Lundi, à la réunion à Bruxelles des ministres des Finances de la zone euro, deux camps s'opposaient, d'une part celui mené par l'Allemagne et les Pays-Bas qui souhaitent une participation importante du privé, de l'autre, celui de la France et de l'Espagne, soutenu par Jean-Claude Trichet, qui veulent éviter que cette participation soit assimilée à une restructuration qui entraînerait notamment le paiement des CDS (contrats d'assurance pour se prémunir du risque de défaillance d'un pays), et un effet domino sur l'ensemble de la zone. Surtout, il pourrait remettre en cause le calendrier qui prévoyait un accord sur l'aide grecque, qui pourrait avoisiner comme la précédente 110 milliards d'euros, à la fin de l'été.

Face à ces divisions, l'idée d'un défaut sélectif de la Grèce est à l'étude, selon des diplomates cités par l'AFP. Il pourrait prendre la forme d'un rééchelonnement du remboursement de la dette grecque et d'un rachat partiel par le biais du Fonds d'aide financière mis en place par l'Europe. De son côté, le patron de la Commerzbank propose dans une tribune à paraître ce mardi de procéder à une restructuration rapide dont il estime le coût, pour le secteur privé, à plus de 50 milliards d'euros. Car, comme souligne Raoul Ruparel, du think tank Open Europe, « le coût de la restructuration va également augmenter avec le temps, car le poids de la dette grecque va croître dans les prochaines années. Pour la ramener aujourd'hui à un niveau supportable, la moitié devrait être effacée. En 2014, il faudra annuler deux tiers de la dette pour atteindre un tel objectif ».