Les scénarios sur la Grèce divisent les Européens

Par Romaric Godin avec Robert Jules  |   |  513  mots
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Derrière l'inflation du jargon technique, plusieurs scénarios sont évoqués pour résoudre à la fois le problème grec et la crise de la zone euro.

"Défaut sélectif". C'est le terme technique utilisé par les agences de notation pour désigner le fait qu'une partie de la dette d'un pays fait l'objet d'une restructuration. Un tel défaut de paiement est également appelé "haircut". Il serait fort coûteux pour le secteur financier qui doit renoncer à une part du capital prêté et parfois honorer "l'assurance" que représentent les CDS.

"Défaut simple". Le pays est dans l'incapacité totale d'honorer une quelconque échéance de remboursement. En 2001, l'Argentine avait cessé tout paiement. Pourtant, selon le FMI, les investisseurs ont dû faire leur deuil sur 73%, et non 100%, des sommes prêtées.

"Rééchelonnement". Un pays endetté peut modifier la maturité de ses obligations. On a alors un "rééchelonnement" de la dette, qui s'assimile à une forme de défaut : le pays n'honore pas en temps voulu sa créance, mais il s'engage à le faire plus tard. Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, a proposé d'obliger les détenteurs de titres grecs à échanger ceux-ci contre de nouveaux titres venant à échéance à 7 ans. Le "swap bonds" (échange d'obligations) est une variante de cette formule.

"Reprofilage". Ce barbarisme utilisé par Jean-Claude Juncker connaît un certain succès. Ce phénomène, aussi appelé "restructuration douce", consiste en un allongement de la maturité de la dette associé à une baisse du taux d'intérêt. Ce scénario offrirait à la Grèce plus de temps pour rétablir sa situation budgétaire et la confiance des marchés tout en allégeant le service de sa dette. En outre, si les créanciers doivent renoncer à une partie de leurs intérêts, leur capital est garanti. Le "plan Brady" qui, dans les années 1990, avait permis à plusieurs pays d'Amérique du Sud de se désendetter est un cas particulier de "reprofilage".

"Rollover". Cette méthode, évoquée par l'accord du 4 juillet entre la France et ses banques propose d'ouvrir la possibilité aux investisseurs de remplacer une partie de la dette par des emprunts à la maturité beaucoup plus longue (30 ans), mais servant des intérêts raisonnables. Ces nouveaux titres seront garantis par des États solvables et la communauté internationale. Mais pour les agences de notation, c'est une forme de défaut.

"Buy back". Des solutions épargnant les investisseurs privés sont également évoquées. Le FMI et l'Union européenne, désormais les premiers créanciers de la Grèce, peuvent de leur propre chef réduire les taux imposés à Athènes. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et son futur successeur le MES, pourraient également racheter de la dette grecque ("buy back") et appliquer ensuite une méthode de restructuration classique. Mais cela implique de relever la dotation des fonds.

"Euro bonds". La création d'obligations européennes pour financer les déficits de tous les pays de la zone euro. L'option revient à faire payer la facture aux contribuables et à "socialiser" la dette de la zone euro. L'Allemagne, attachée à la responsabilité des créanciers et à son indépendance budgétaire, s'y refuse.