Egypte-Israël : le gazoduc de la discorde

Les autorités égyptiennes sont prises entre les critiques des forces politiques et de l'opinion publique et ses engagements contractuels. Les attaques contre le gazoduc vers Israël affectent aussi les autres clients de l'Egypte.
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Pour la quatrième fois depuis le mois de février, le pipeline livrant du gaz à Israël a été la cible d'un attentat. Le contrat qui lie l'Egypte et Israël est très impopulaire dans l'opinion publique égyptienne et a été dénoncé depuis plusieurs années par la majorité des partis d'opposition. Les critiques ne se sont pas tues depuis le changement de régime. En cause : des prix très inférieurs au marché (ils seraient au maximum de 2,5 dollars par BTU alors que les prix du marché tournent autour de 4,30 dollars) pour un contrat à long terme (au moins quinze ans), et bien sûr l'identité du partenaire commercial. Si l'Egypte et Israël ont signé un traité de paix en 1979, la politique de l'état hébreu est très mal perçue ici, encore plus depuis le blocus et l'offensive sur Gaza. En mars 2009, la Cour suprême administrative égyptienne avait cassé un jugement d'une juridiction inférieure qui avait conclu à l'illégalité du contrat et exigé l'arrêt des livraisons.

La Jordanie touchée

Pour répondre aux inquiétudes de Tel Aviv face à la nouvelle donne politique, les autorités égyptiennes ont affirmé qu'elles respecteraient tous les traités conclus. Mais pour satisfaire son opinion publique, le gouvernement de transition a annoncé aussi la révision des prix de tous les contrats gaziers et des enquêtes sur les éventuelles illégalités, certains procès sont déjà en cours.

Si plus de 40% de ses besoins en gaz sont fournis par l'Egypte, Israël n'est pas le seul bénéficiaire de ce gaz à bas prix. La Jordanie importe environ 6,8 millions de m3, soit 80% de ses besoins en électricité. Très handicapée par les interruptions de livraison, la Jordanie a annoncé qu'elle pourrait se tourner vers l'Iran, la Russie ou le Qatar pour s'approvisionner. Quelques jours avant l'explosion les autorités jordaniennes avaient dit s'être accordées avec les Egyptiens sur un prix d'achat supérieur.

Sur un autre front, les sociétés israélienne, américaine et thaïlandaise, actionnaires de l'Eastern Mediterranean Gas Company, qui gère le pipeline, réclament 8 milliards de réparations à l'Egypte pour avoir failli à assurer la sécurité et à livrer les volumes prévus. Le communiqué a été diffusé lundi : quelques heures seulement avant la quatrième explosion.

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