En Grèce, la grande braderie a commencé

Par Angélique Kourounis, à Athènes  |   |  419  mots
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Pour tenir son programme, Athènes devrait procéder à une privatisation tous les dix jours.

La Grèce n'a pas le choix, son programme de privatisations a été fixé par ses bailleurs de fonds selon un calendrier précis : la société d'électricité (DEI), les casinos, les ports et aéroports régionaux, la société des chemins de fer (OSE), mais aussi la téléphonie (OTE), les postes, les plages, les marinas, les droits miniers du sous-sol dans tout le pays... La liste est longue de ce qui va être cédé d'ici à 2015 et le pactole des privatisations doit rapporter 50 milliards d'euros. D'ores et déjà, la Française des Jeux s'intéresse à l'Opap (loterie), le PMU à l'hippodrome, la SNCF à l'OSE malgré ses déficits colossaux, et EDF examinerait le dossier de la DEI. Seul problème, pour tenir le programme, il faudrait procéder à une privatisation tous les dix jours. Mission quasi impossible.

Le mois dernier, l'État a cédé la participation de 16% qu'il détenait dans l'OTE au profit de Deutsche Telekom, les 24% qu'il possède dans La Banque Postale, les 75 % des ports du Pirée et de Thessalonique ainsi que 40% du capital de la société des Eaux de Thessalonique qu'il détient à 74%. Ces privatisations devraient permettre d'économiser 3 milliards d'euros d'intérêts sur la dette par an !

"Ils peuvent mettre les bouchées doubles, ironise un diplomate occidental, car cela aurait dû être fait depuis longtemps. Les Grecs vont devoir brader dans l'urgence ce qui aurait pu être vendu à un prix correct. Dommage." Ça l'est d'autant plus que ces recettes serviront au remboursement de la dette et non à l'investissement. "Ce sont des comptes de Polichinelle, s'emporte Savas Rombolis de l'Institut du monde du travail, une fois tout vendu et ces trous comblés, on fait quoi ensuite ?" Même discours du côté des syndicats tout puissants qui refusent de voir "la richesse du pays passer aux mains des étrangers". Le mois dernier, la DEI n'a pas hésité à procéder à des coupures d'électricité. "La DEI est la seule entreprise bénéficiaire du pays, pourquoi la vendre ?" s'indigne Yiannis Mastroyiannakis, syndicaliste.

Pour contourner ces obstacles et éviter que la corruption ne prenne le dessus, les créanciers du pays ont exigé et obtenu que des "conseillers externes" assistent le gouvernement grec dans ces privatisations."Cette surveillance est la seule garantie que cela marche ! " s'exclame l'écrivain Petro Markaris, à l'origine avec d'autres personnalités du monde des arts et des lettres d'une lettre ouverte au gouvernement le sommant "d'oser gouverner, oser privatiser, oser licencier".