Ces 3,5 millions de km2 de mer pour lesquels toute l'Asie se bat

Par Line Say  |   |  479  mots
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Les officiels chinois et de l'ASEAN sont parvenus à un accord purement symbolique sur les grandes lignes d'une coopération dans la Mer de Chine Méridionale ce mercredi. Rien n'est réglé pour ce joyau dont tout le monde revendique la souveraineté.

Il aura fallu neuf ans de négociations avant de parvenir à un accord sur la coopération entre la Chine et les pays de l'ASEAN concernant les différends territoriaux qui datent d'un-demi siècle en Mer de Chine Méridionale. Ce mercredi, lors de la session annuelle du Forum Régional de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), les officiels des pays revendiquant leur souveraineté sur les îles en Mer de Chine du Sud se sont mis d'accord sur les grandes lignes d'une coopération dans la région.

Ne nous réjouissons pas trop vite. Derrière "cette étape significative", les tensions entre pays concernés, notamment le Vietnam, la Chine et les Philippines, ont grimpé ses six derniers mois. En juin dernier, Hanoï a organisé des exercices militaires à tirs réels en réaction à l'incident de ses deux navires d'exploitation pétrolière qui auraient été endommagés par Pékin, avant de calmer le jeu. Ce mercredi, les tensions ont monté d'un cran avec le déplacement de députés philippins sur les îles Spratleys revendiquées par les deux pays malgré les avertissements de Pékin.

Pourquoi tant d'histoires pour quelques "cailloux" dans la mer ? La région est supposée riche en pétrole et est traversée par des voies maritimes internationales. Cependant, "aucune raison, que ce soit le pétrole, le phosphate, la pêche ou la possibilité d'installer une base navale ne justifie à elle seule ces affrontements" affirme Eric Denécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). Par exemple, même s'il y avait un tel gisement de pétrole, il serait "extrêmement difficile de l'extraire."

En fait, il s'agit tout d'abord d'une question de souveraineté nationale. Les pays de l'ASEAN ont l'impression que "les Chinois sont en train d'essayer de les manger" rapporte directeur de recherche de l'IRIS Jean-Vincent Brisset. La présence dans cette région de la Chine, qui "grandit plus vite en arrogance qu'en puissance", est une manière pour elle de s'affirmer. Les pays Sud-Est asiatiques ont, à plusieurs reprises, demandé un arbitrage international pour régler ce différend territorial, mais la Chine a toujours privilégié les dialogues bilatéraux. Ces pays se alors sont récemment tournés vers les Etats-Unis. Hillary Clinton, qui a affirmé le 28 juin 2010 que ces différends relevaient de "l'intérêt national des Etats-Unis", assistera au Forum ce jeudi.

En attendant, les négociations "aboutissent sans vraiment aboutir" explique Eric Denécé : le but de ces négociations n'est pas de trouver une solution au problème mais bien de calmer les relations et d'éviter tout dérapage. D'après Jean-Vincent Brisset, il semble bien que cet accord est une "énième déclaration en destination des médias occidentaux" sans aucune véritable portée.