Famine : malgré l'urgence dans la Corne de l'Afrique, la FAO n'a rien décidé

Par latribune.fr  |   |  514  mots
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Alors que sévit la famine la plus grave depuis 20 ans, la réunion à Rome des pays membres de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a remis à mercredi les questions du montant et de l'utilisation des aides des différents contributeurs.

La réponse de la communauté internationale -bien que très tardive- à la famine qui touche la Somalie et la Corne de l'Afrique, se voulait spectaculaire. Par son absence d'avancée concrète face à l'urgence, la réunion de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), convoquée de manière extraordinaire lundi à Rome à l'initiative de la France, a plutôt fait office de coup d'épée dans l'eau.

Au chapitre des petites avancées, le directeur général de l'organisation, Jacques Diouf, s'est contenté de confirmer que la communauté internationale aura besoin d'1,6 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) dans les douze mois à venir, et 300 millions dans les deux mois qui viennent pour aider la population à lutter contre la famine dans la Corne de l'Afrique. « Il faut sauver des vies et réagir », a lancé Jacques Diouf au cours de la réunion. Lors de la conférence de presse finale, ni le directeur de la FAO ni Bruno Lemaire, le ministre français de l'Agriculture, n'ont révélé le montant précis des sommes promises ou versées par les contributeurs. Ils se sont contentés de rappeler l'aide déjà promise par les pays riches : 100 millions d'euros de la part de l'Union européenne, 5 millions d'euros supplémentaires de la France (pour un total de 10 millions),
Bien maigre bilan pour une réunion d'urgence dans un contexte aussi dramatique.

Déception des ONG

Les organisations non gouvernementales (ONG) avaient du mal lundi à se contenter de déclarations générales. La remise à mercredi, lors d'une réunion des donateurs à Nairobi, de décisions sur la manière d'utiliser cet argent, leur paraît une étape supplémentaire inutile qu'il aurait fallu éviter en avançant dès la réunion de Rome.

Surtout, plusieurs organisations ont déploré le manque d'implication des pays riches. Barbara Stocking, la directrice de l'ONG britannique Oxfam a jugé « honteux que seules quelques unes des économies les plus riches et les plus puissantes aient été disposées à montrer leur engagement pour sauver les vies de nombreuses personnes parmi les plus pauvres et les plus vulnérables en Afrique de l'Est ».

En plus de la participation de l'Union européenne et la maigre contribution de la France (10 millions d'euros en tout), d'autres pays avaient annoncé en fin de semaine dernière l'octroi d'enveloppes supplémentaires pour aider la Corne de l'Afrique. Les Etats-Unis ont décidé d'augmenter le montant de leur aide de 28 millions de dollars, en plus des 431 millions de dollars d'assistance que le pays a débloqué depuis le début de l'année. En Europe, le gouvernement allemand a augmenté de 5 millions d'euros son aide d'urgence pour la Corne de l'Afrique, en plus de ses programmes d'aide de 240 millions d'euros répartis entre le Kenya et l'Ethiopie. Pour sa part, Londres a promis vendredi une aide d'urgence de 59 millions d'euros. Peu avant l'ouverture de la réunion, la Banque mondiale a annoncé l'octroi de 500 millions de dollars, en plus des 12 millions débloqués pour apporter une « aide immédiate ».