Dette américaine : le plan des républicains déjà enterré ?

De nombreux républicains s'opposent à ce projet de hausse en deux temps du plafond de la dette, dont le vote vient d'être repoussé. Cela pourrait favoriser un compromis avec les démocrates
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Les républicains du Tea Party vont tenir parole: ils ne voteront pas en faveur du plan de réduction des déficits présentés par John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants, qu'ils jugent trop peu ambitieux en matière de coupes budgétaires. Cette intransigeance complique encore un peu plus l'adoption de ce projet, qui ne bénéficie pas de soutien dans le camp démocrate. Il suffit en effet que 23 des 240 représentants républicains votent contre pour provoquer son rejet.

Initialement prévu ce mercredi, le vote a été repoussé, pour faire face à cette vague de mécontentement. Mais aussi par le Congressional budget Office (CBO), l'organisme bipatisan du Congrès chargé de surveiller le budget de l'Etat, a émis mardi soir de sérieux doutes sur l'ampleur des réductions réelles des dépenses publiques proposées.

Ce plan se fonde sur un relèvement en deux étapes du plafond de la dette. Dans un premier temps, il serait rehaussé de 900 milliards de dollars, ce qui permettra à l'État de s'endetter jusqu'à la fin de l'année. En contrepartie, les dépenses publiques seraient réduites de 1.200 milliards de dollars. Et elles seraient, à l'avenir, limitées à un certain pourcentage du PIB. Dans un second temps, une commission bipartisane serait chargée d'identifier de nouvelles sources d'économies, devant atteindre 1.800 milliards de dollars. Le Congrès devra également adopter un amendement constitutionnel pour contraindre l'État fédéral à présenter un budget équilibré chaque année. Dans ces conditions, un deuxième relèvement du plafond serait alors effectué.

Le Tea Party est une mouvance ultraconservatrice et libertarienne. Elle a fait une entrée remarquée au Congrès en novembre dernier, lors des élections de mi-mandat, en faisant campagne contre le "Big Governement" qui emprunte 40 cents pour chaque dollar qu'il dépense. Ses élus privilégient aujourd'hui un autre plan, baptisé "Couper, plafonner, équilibrer", que la Chambre a adopté la semaine dernière. Un texte extrême, provocateur et symbolique qui aurait provoqué 5.500 milliards de dollars de coupes budgétaires au cours de la prochaine décennie, sans la moindre hausse d'impôts. Ce texte a été rejeté par le Sénat.

Plan rival au Sénat

De leur côté, les démocrates s'opposent au calendrier proposé par John Boehner, souhaitant lever au plus tôt l'incertitude pesant sur la dette américaine. Cela ne ferait qu'empoisonner la vie politique pour six mois supplémentaires, a renchéri Barack Obama. L'entourage du président américain a d?ailleurs indiqué mardi qu'il apposerait son veto, si jamais ce texte venait à être adopté par le Congrès.

Ces divisions dans le camp républicain pourraient cependant favoriser un compromis avec les démocrates. Toute la stratégie de John Boehner repose en effet sur l'adoption rapide d'un plan de réduction des dépenses publiques à la Chambre, pour pouvoir le présenter au Sénat, à majorité démocrate. En cas de rejet des sénateurs, il serait alors en mesure de faire peser la responsabilité de cet échec sur leurs épaules. Mais, il lui faudra pour cela rassembler au-delà de son propre parti, en faisant des concessions pour convaincre suffisamment de démocrates à voter en faveur de son plan.

Au Sénat, les démocrates défendent leur propre plan, présenté par Harry Reid, leur chef de file. Son objectif est clair : mettre sur la touche les sujets sensibles. Pour ne pas fâcher l'aile gauche de son parti, il ne comprend aucune coupe dans les programmes sociaux, comme les retraites et Medicare, l'assurance santé des personnes âgées. À l'opposé, il ne prévoit pas de renforcement de la fiscalité, catégoriquement rejeté par une grande partie des républicains. Les propositions démocrates permettraient cependant de réduire de 2.700 milliards de dollars les déficits publics au cours des dix prochaines années. En échange, le plafond de la dette serait relevé de 2.400 milliards de dollars.

L'essentiel de ces coupes (1.200 milliards) proviendrait des baisses des dépenses discrétionnaires déjà identifiées par les deux partis. 1.000 milliards de dollars d'économies seraient par ailleurs réalisées sur le budget des guerres en Irak et en Afghanistan. Mais pour les républicains, il ne s'agit que de coupes fictives, car déjà prévues par le Pentagone en raison du retrait progressif des troupes américaines. Ce plan, soutenu par Barack Obama, "est truffé de faux calculs et de trouvailles politiciennes", a dénoncé lundi soir John Boehner. Même en écartant les hausses d'impôts, ce projet ne suffira donc pas à convaincre les républicains. Il ne pourrait d'ailleurs même pas passer l'étape du Sénat, en l'absence de "supermajorité" démocrate, qui permet à leurs adversaires d'adopter une tactique de blocage parlementaire.

Vers une dégradation de la dette américaine

Pourtant, le temps presse : il ne reste plus que six jours au Congrès pour adopter un compromis et relever le plafond de la dette fédérale. Et pour y parvenir, il faudrait même qu'un projet crédible soit présenté ce mercredi à l'une des deux assemblées. Au-delà, il deviendrait quasiment impossible de compléter le processus parlementaire avant le 2 août, date au-delà de laquelle l'État américain ne pourra plus s'endetter. Les conséquences seraient alors dramatiques pour la première économie mondiale, qui perdrait, pour la première fois de son histoire, son triple A.

Car les agences de notation ont déjà prévenu : en cas d'échec des négociations, elles dégraderont automatiquement la note de la dette souveraine américaine. D'un cran, voire plus selon l'évolution de la situation. Et même en cas d'accord, la note américaine semble irrémédiablement en suspens. Une telle décision provoquerait alors une hausse des taux, qui se répercuterait non seulement sur les bons du Trésor mais aussi sur les prêts hypothécaires et les cartes de crédit, menaçant de pénaliser la reprise économique. Au-delà, c'est la capacité des États-Unis à financer au rabais leur endettement qui serait remise en cause pour une période prolongée. JPMorgan a chiffré le coût d'une dégradation à 100 milliards de dollars par an.

Commentaires 8
à écrit le 27/07/2011 à 8:13
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Tea Party = extrémistes fondamentalistes de l'économie et des valeurs morales En gros, suppression des qques restes de "Sécu" aux US, pas d'assurance chômage, aucune régulation des entreprises et de la vie économique (ie la "loi de la jungle"), quasi...

le 27/07/2011 à 8:31
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et croyez moi ca va tres loin vous avez des "musées" antievolutionistes où vous voyez des hommes prehistorique (mais tres homo sapiens bien sur) au mileu des dinosaure ou on vous explique que c est Jesus qui a botté les fesses des lezards du diable (...

le 27/07/2011 à 9:18
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Merci Modrakheen (je le savais, mais ce n'est sans doute pas le cas de tout le monde). Heureusement, pour lutter contre cette nouvelle Inquisition de "l'Intelligent Design" (très en vogue aux US, qui essaie de remettre en cause la théorie de l'évolut...

le 27/07/2011 à 9:53
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vous avez aussi les excellents shows de la chaine Comedy Central le "Daily show" et le "Colbert's report" tout deux sarcastiques mais de facon intelligente , d un point de vue plus sérieux le journal de Obermann est vraiment une perle , il decortique...

le 27/07/2011 à 15:01
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merci, je regarderai (notamment Obermann)

le 27/07/2011 à 21:01
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Avant de sacraliser votre a priori initial en opinion éclairée (à la lanterne douteuse d'émissions partisannes) je vous conseille de vous documenter de près sur ce que sont vraiement les tea-partiers et leurs valeurs. Regardez les émissions du juge N...

à écrit le 27/07/2011 à 7:49
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On peut trouver beaucoup de choses à dire concernant le relèvement du plafond de dette et le niveau stratosphérique de la US (dette publique mais on pourrait aussi regarder du côté de la dette privée), mais peut être il y a en t il deux d'incontourna...

à écrit le 27/07/2011 à 7:14
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Le Tea Party est au dela de l'ultra conservatisme c est une branche ultra dure d'extreme droite qui ferait passer le FN pour des communistes , ultra religieux ils ont un discours haineux envers les démocrates en général et Obama en particulier Les en...

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