Coup de tonnerre à Washington : le Tea Party provoque la débâcle des républicains

En raison de l'opposition d'une partie de ce mouvement ultraconservateur, le plan Boehner n'a pu être vote jeudi à la Chambre des représentants. Un coup de tonnerre qui pourrait se transformer en crise au sein du parti républicain
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Coup de tonnerre à Washington ! La Chambre des représentants n'a pas adopté jeudi soir, comme prévu initialement, le plan de réduction des déficits présenté par John Boehner. Elle n'a même pas eu à se prononcer. Pour la deuxième fois en trois jours, le vote a été repoussé par l'état-major républicain. La faute à 26 représentants républicains, essentiellement issus de la mouvance ultraconservatrice du Tea Party, qui refusent de voter pour ce projet, jugé trop peu ambitieux en termes de coupes budgétaires.

D'abord, ce vote était prévu vers 18 heures, heure de Washington après plus de deux heures de débats. Mais 30 minutes avant l'heure prévue, le scrutin a été reporté, faute d'un nombre suffisant de voix. Les responsables républicains ont alors rencontré un à un tous les représentants s'opposant à ce projet pour tenter de les faire changer d'avis. Sans effet. Après avoir assuré qu'un vote aurait bien lieu jeudi, ils ont dû renoncer à présenter le texte. Entre temps ? Cinq heures s'étaient écoulées !

Un nouveau vote interviendra vendredi, après quelques modifications pour tenter de convaincre les récalciltrants. Il ne manquerait en effet que deux votes pour l'adoption du texte. Mais d'ores et déjà, ce contretemps constitue un coup dur pour John Boehner, le président de la Chambre, qui souligne à quel point le Tea Party complique la vie des républicains. Cela démontre aussi de son incapacité à mener son camp. Son poste de speaker pourrait maintenant être fortement menacé, surtout si le blocage se poursuit.

John Boehner doit également sauver les apparences vis-à-vis de l'opinion publique à laquelle il a assuré, pas plus tard que jeudi après-midi, que la Chambre allait agir rapidement et adopter un plan permettant de sortir de la crise. Au-delà, c'est toute sa stratégie qui dépend de ce texte. Boehner voulait mettre la pression sur le Sénat, à majorité démocrate. Et après le rejet de son plan par les sénateurs, il aurait pu faire porter la responsabilité du blocage sur les démocrates.

Quelle que soit l'issue dans les prochaines heures, sa position est clairement affaiblie, à l'intérieur comme à l'extérieur de son parti.? Et face a des démocrates unis - du moins en apparence -, le "Grand Old Party" est incontestablement fragilisé. Ce nouveau contretemps (ce vote avait déjà été repoussé mardi soir) ralentit encore un peu plus la nécessaire recherche d'un compromis entre les deux partis. Il ne reste plus que 5 jours au Congrès pour relever le plafond de la dette. (retrouvez le déroulé des événements heure par heure)

 Le plan Boehner se base sur un relèvement en deux étapes du plafond de la dette. Dans un premier temps, il serait rehaussé de 900 milliards de dollars, ce qui permettra à l'État de s'endetter jusqu'à la fin de l'année. En contrepartie, les dépenses publiques seraient réduites de 917 milliards de dollars. Et elles seraient, à l'avenir, limitées à un certain pourcentage du PIB. Dans un second temps, une commission bipartisane serait chargée d'identifier de nouvelles sources d'économies, devant atteindre 1.800 milliards de dollars. Le Congrès devra également adopter un amendement constitutionnel pour contraindre l'État fédéral à présenter un budget équilibré chaque année. Dans ces conditions, un deuxième relèvement du plafond serait alors effectué.

Le Tea Party est une mouvance ultraconservatrice et libertarienne. Elle a fait une entrée remarquée au Congrès en novembre dernier, lors des élections de mi-mandat, en faisant campagne contre le "Big Governement" qui emprunte 40 cents pour chaque dollar qu'il dépense. Ses élus privilégient aujourd'hui un autre plan, baptisé "Couper, plafonner, équilibrer", que la Chambre a adopté la semaine dernière. Un texte extrême, provocateur et symbolique qui aurait provoqué 5.500 milliards de dollars de coupes budgétaires au cours de la prochaine décennie, sans la moindre hausse d'impôts. Ce texte a été rejeté par le Sénat.

De leur côté, les démocrates s'opposent au calendrier proposé par John Boehner, souhaitant lever au plus tôt l'incertitude pesant sur la dette américaine. Cela ne ferait qu'empoisonner la vie politique pour six mois supplémentaires, a renchéri Barack Obama. L'entourage du président américain a d'ailleurs indiqué mardi qu'il apposerait son veto, si jamais ce texte venait à être adopté par le Congrès.

Il ne reste plus que six jours au Congrès pour adopter un compromis et relever le plafond de la dette fédérale.Ce nouveau contretemps ralentit encore un peu plus la nécessaire recherche d?un compromis entre les deux partis. Plus les jours passent et plus il devient difficile de compléter le processus parlementaire avant le 2 août, date au-delà de laquelle l'État américain ne pourra plus s'endetter. Les conséquences seraient alors dramatiques pour la première économie mondiale, qui perdrait, pour la première fois de son histoire, son triple A.

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