Dette américaine : deux propositions, zéro compromis

Après l'échec des discussions bipartisanes, démocrates et républicains ont chacun présenté leur solution. Sans convaincre le camp adverse.
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HARRY REID, LE LEADER DES DÉMOCRATES NE VEUT PAS FÂCHER L'AILE GAUCHE DU PARTI
L'objectif du plan présenté par Harry Reid, le chef de file des démocrates au Sénat, est clair : mettre sur la touche les sujets sensibles. Pour ne pas fâcher l'aile gauche de son parti, il ne comprend aucune coupe dans les programmes sociaux, comme les retraites et Medicare, l'assurance santé des personnes âgées. À l'opposé, il ne prévoit pas de renforcement de la fiscalité, catégoriquement rejeté par une grande partie des républicains. Les propositions démocrates permettraient cependant de réduire de 2.700 milliards de dollars les déficits publics au cours des dix prochaines années. En échange, le plafond de la dette serait relevé de 2.400 milliards de dollars. L'essentiel de ces coupes (1.200 milliards) proviendrait des baisses des dépenses discrétionnaires déjà identifiées par les deux partis. 1.000 milliards de dollars d'économies seraient par ailleurs réalisées sur le budget des guerres en Irak et en Afghanistan. Mais pour les républicains, il ne s'agit que de coupes fictives, car déjà prévues par le Pentagone en raison du retrait progressif des troupes américaines. Ce plan, soutenu par Barack Obama, « est truffé de faux calculs et de trouvailles politiciennes », a dénoncé lundi soir John Boehner. Même en écartant les hausses d'impôts, le projet de Harry Reid ne suffira donc pas à convaincre les républicains. Il ne pourrait d'ailleurs même pas passer l'étape du Sénat, en l'absence de « supermajorité » démocrate, qui permet à leurs adversaires d'adopter une tactique de blocage parlementaire. 

JOHN BOEHNER, LE CHEF DES RÉPUBLICAINS EST SOUS LA PRESSION DU TEA PARTY
Après avoir adopté la semaine dernière une initiative extrême, baptisée « Couper, plafonner, équilibrer », les républicains de la Chambre des représentants, menés par John Boehner, ont présenté un projet plus raisonnable. Il se fonde sur un relèvement en deux étapes du plafond de la dette. Dans un premier temps, il serait rehaussé de 900 milliards de dollars, ce qui permettra à l'État de s'endetter jusqu'à la fin de l'année. En contrepartie, les dépenses publiques seraient réduites de 1.200 milliards de dollars. Et elles seraient, à l'avenir, limitées à un certain pourcentage du PIB. Dans un second temps, une commission bipartisane serait chargée d'identifier de nouvelles sources d'économies, devant atteindre 1.800 milliards de dollars. Le Congrès devra également adopter un amendement constitutionnel pour contraindre l'État fédéral à présenter un budget équilibré chaque année. Dans ces conditions, un deuxième relèvement du plafond serait alors effectué. Un vote est prévu ce mercredi à la Chambre des représentants. Mais une partie des républicains, notamment ceux du Tea Party, ont déjà fait part de leur mécontentement. De leur côté, les démocrates s'opposent au calendrier, souhaitant lever au plus tôt l'incertitude pesant sur la dette américaine. Cela ne ferait qu'empoisonner la vie politique pour six mois supplémentaires, a renchéri Barack Obama. Le président américain pourrait ainsi apposer son veto, si ce texte venait à être adopté par le Congrès..

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