Fitch et Moody's maintiennent le triple A des Etats-Unis

La première puissance économique mondiale doit réduire son endettement pour éviter une baisse de note à l'avenir, ont annoncé les deux agences de notation. Moody's assortit sa note d'une perspective négative.
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Le compromis adopté sur le relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis n'a pas totalement rassuré Fitch et Moody's. Certes les deux agences de notation ont déclaré mardi soir qu'elles maintenaient le triple A de la note américaine. Mais elles préviennent aussi qu'elles pourraient abaisser cette note si les Etats-Unis ne réduisent pas leur dette.

Moody's Investors Service a assorti sa note maximum d'une perspective négative. Cette perspective signifie que la note des Etats-Unis pourrait être abaissée dans les douze à dix-huit mois. "L'accord de ce jour est une première étape vers l'assainissement budgétaire à long terme nécessaire pour maintenir la note de la dette de l'Etat américain dans la catégorie Aaa sur le long terme", a déclaré Moody's dans un communiqué. Le maintien de la note AAA dépendra de mesures supplémentaires de réduction du déficit, mais aussi du rythme de croissance économique et de l'évolution des coûts de financement des Etats-Unis, a précisé Steven Hess, analyste de Moody's pour les Etats-Unis. Moody's avait placé la note des Etats-Unis sous revue pour un abaissement possible le 13 juillet, disant craindre que l'Etat n'honore pas ses factures et autres engagements si le Congrès venait à ne pas pouvoir relever le plafond d'endettement du pays début août.

De son côté, l'agence Fitch a elle aussi maintenu la note des Etats-Unis à AAA, tout en prévenant que la première puissance économique mondiale devait réduire son endettement pour éviter une baisse de note à l'avenir. "Fitch a maintenu comme prévu la notation AAA, ce qui avait été déjà dans le fond pris en compte par le marché. La question plus importante est de savoir si la loi sera suffisante pour calmer S&P, qui voulait 4.000 milliards de dollars de coupes, beaucoup sur le marché estimant qu'il y a un risque d'abaissement de note de la part de S&P", a commenté Gennadiy Goldberg, analyste obligataire chez 4Cast Ltd. à New York.

La loi votée mardi du relèvement du plafond de la dette est suffisante pour tenir jusqu'après l'élection présidentielle de novembre 2012 et prévoit 2.100 milliards de dollars de réduction des dépenses sur dix ans. Elle crée une commission mixte parlementaire Sénat/Chambre des représentants qui présentera des recommandations pour la réduction du déficit fin novembre. Elle ne prévoit pas de hausse de la fiscalité.

Si l'agence Fitch a maintenu mardi soir la note des Etats-Unis à AAA, l'agence de notation a déclaré que l'accord permettant de relever la capacité d'endettement des Etats-Unis impliquait un risque de défaut "extrêmement faible" et était compatible avec une note triple "A", la meilleure possible. Mais l'agence a ajouté que, sans changements importants dans la politique budgétaire, le ratio dette/produit intérieur brut (PIB) du pays attendrait 100% d'ici la fin 2012 et "continuera à augmenter à moyen terme, un profil qui n'est pas compatible avec la conservation par les Etats-Unis de leur note souveraine triple A." Les Etats-Unis, estime Fitch, "doivent aussi affronter des choix difficiles en matière de fiscalité et de dépenses dans un contexte de faiblesse économique si le déficit budgétaire et la dette du gouvernement doivent être ramenés à des niveaux plus sûrs à moyen terme".

Sujet de préoccupation

David Riley, principal analyste de Fitch pour les Etats-Unis, a déclaré à Reuters que l'agence n'excluait pas d'assortir la note AAA des Etats-Unis d'une perspective négative quand elle aura terminé son examen ce mois-ci. L'analyste a précisé que la revue en cours tiendrait compte du résultat "positif" sur la dette trouvé mardi et des perspectives pour l'économie américaine, estimées décevantes par Fitch.

L'économie américaine a marqué le pas au premier semestre 2011. Le produit intérieur brut (PIB) de la première puissance économique mondiale n'a augmenté que de 1,3% en rythme annualisé au deuxième trimestre, en raison d'une consommation morose affectée notamment par la hausse des prix de l'essence. La croissance enregistrée sur les trois premiers de l'année a en outre été révisée très fortement pour faire ressortir une hausse limitée à 0,4% contre 1,9% annoncé précédemment.

"La révision à la baisse du PIB a été supérieure à ce que nous attendions et un sujet de préoccupation", a déclaré David Riley. "Il pourrait y avoir une décision en matière de note qui pourrait comprendre une révision de la perspective. C'est sûr, on ne peut pas l'exclure."

En outre, le maintien de la note par Fitch ne préjuge pas de ce que feront les autres agences et notamment Standard & Poor's.

"Fitch a maintenu comme prévu la notation AAA, ce qui avait été déjà dans le fond pris en compte par le marché. La question plus importante est de savoir si la loi sera suffisante pour calmer S&P, qui voulait 4.000 milliards de dollars de coupes, beaucoup sur le marché estimant qu'il y a un risque d'abaissement de note de la part de S&P", commente Gennadiy Goldberg, analyste obligataire chez 4Cast Ltd. à New York.

Fitch estime pour l'instant que l'accord sur la dette est un "pas dans la bonne direction", montrant que Washington a "la volonté politique et la capacité de faire en fin de compte ce qu'il faut." "L'accord est une étape importante mais pas la fin du processus visant à mettre en place un plan crédible pour réduire le déficit budgétaire à un niveau permettant d'assurer aux Etats-Unis le statut AAA à moyen terme", déclare Fitch.

L'agence ajoute qu'elle pense conclure son réexamen de la note des Etats-Unis d'ici la fin août.

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