Le Brésil veut protéger son industrie contre les importations industrielles

Malgré sa prospérité, le Brésil souffre d'un manque de compétitivité. Dilma Rousseff, présidente du plus grand pays d'Amérique du Sud, lance un vaste programme pour soutenir sa production industrielle.
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Longtemps abonné aux crises économiques, le Brésil est propulsé depuis quelques mois au rang de pays prospère, spectateur des crises européennes et américaine. Le géant latino-américain a enregistré 7,5% de croissance en 2010 et au moins 4% sont assurés cette année, malgré le ralentissement mondial. Les réserves de devises ont atteint 327 milliards de dollars, et le Brésil est devenu l'un des principaux créanciers des Etats-Unis, et le chômage est au plus bas - 6,5% en juin.

Problème, les Brésiliens consomment à tout va, mais la production industrielle stagne. Elle souffre de la force du real, la devise brésilienne, qui a gagné 6% par rapport au dollar depuis janvier- 50% par rapport au début de 2008 - pour atteindre sa plus haute cotation des douze dernières années.

C'est pour compenser cette perte de compétitivité que la présidente Dilma Rousseff vient d'annoncer le plan "Brasil Maior" ("Le Brésil plus grand"), pour protéger l'industrie nationale contre le flot d'importations étrangères. Le gouvernement va renoncer à 24,5 milliards de reais (11 milliards d'euros) de rentrées fiscales d'ici la fin de 2012. Les exportateurs se verront restituer l'équivalent de 3% de leurs ventes à l'étranger, et les producteurs de biens de capitaux, matériaux de construction, camions, et véhicules de commerce seront exemptés d'impôt sur les produits industriels. Ces mesures sont qualifiées d'"extrêmement positives", par Cledorvino Belini, le président de l'Association nationale des fabricants de véhicules, à l'unisson avec le reste de l'industrie.

Mesures anti-dumping

Dilma Rousseff a également signé un décret réservant, sur chaque contrat public, au moins 25% aux produits et services nationaux. Une mine alors que les infrastructures sont en plein développement en vue de l'organisation de la Coupe du Monde de football en 2014, et des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, en 2016. Les banques publiques vont aussi exiger des entreprises le recours à des fournisseurs locaux. Le secteur du bâtiment, par exemple, qui bénéficie de crédits pour la construction de deux millions de logements sociaux, ne pourra plus les utiliser pour l'importation de matériaux. Enfin, Brasilia met en place des mesures anti-dumping, notamment contre les marchandises chinoises qui transitent par des pays voisins, comme le Paraguay, pour bénéficier de tarifs douaniers préférentiels. Les produits ne mentionnant pas leur véritable origine perdront leur licence d'importation.

D'ici 2014, le plan "Brésil plus grand" a pour objectif de porter le taux d'investissement de 18,4%, à 22,4% du produit intérieur brut (PIB), et inciter les dépenses privées en recherche et développement à passer de 0,59% à 0,90% du PIB. Dilma Roussef espère également élever la participation du Brésil dans les exportations mondiales de 1,36% à 1,60%. Le programme a été adopté à l'issue d'un long bras de fer au sein de l'équipe économique gouvernementale.

Les taux d'intérêts les plus élevés du monde

Ses détracteurs rappellent que l'importation de produits à bas prix permet de calmer l'inflation, qui a atteint 6,75% en rythme annualisé en juillet, au dessus de la limite supérieure de la Banque centrale (6,5%). Or, c'est pour assagir la hausse des prix que le gendarme monétaire vient d'annoncer une nouvelle hausse des taux d'intérêts, à 12,5%, les plus élevés du monde. Et ce sont justement ces hauts rendements qui attirent les capitaux étrangers, dopant le real aux dépens de la compétitivité brésilienne. L'enjeu est de trouver l'équilibre qui permette de sortir de ce cercle vicieux.

Petrobras concentre ses investissements sur le pétrole "pré-sel"
Après plusieurs semaines de retard, le groupe d?hydrocarbures national brésilien Petrobras vient de valider son nouveau plan d?investissement de 224,7 milliards de dollars pour la période 2011-2015, soit légèrement plus que les 224 milliards de dollars contenus dans le plan 2010-2014. Pour la seule année 2011, l?entreprise déboursera 55 milliards de dollars pour 2011. Du total prévu pour les cinq prochaines années, 128 milliards de dollars (57%, contre les 53% initialement prévus), seront affectés à l?exploration et à la production. Petrobras met ainsi l?accent sur le pétrole "pré-sel", les gigantesques gisements découverts au large du Brésil depuis 2007, enfouis à plus de 5.000 mètres dans l?océan sous une couche de sel. Pour financer cet effort, le groupe devra s?endetter de 12 milliards par an. La compagnie publique compte porter ses livraisons à 3,9 millions de barils par jour d?ici à 2015, et à 6,4 millions d?ici à 2020.

 

Commentaire 1
à écrit le 05/08/2011 à 12:48
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On se met à rêver d'un gouvernement qui ait les C**** de faire cela. J'oubliais c'est une femme, mais cela ne veut pas dire que celles qui se présenteront pour 2012 en seront doté (de courage je veux dire).

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