L'Italie doit se transformer

Silvio Berlusconi estime "injustifiée" la pression des marchés financiers sur son pays. Pourtant la crise dans la péninsule ne date pas d'hier. Le pays a un besoin urgent de réformes dans tous les domaines.
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«Les pressions » des marchés financiers sur l'Italie sont-elles « clairement injustifiées », comme le clame le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi ? L'érosion de la confiance des Bourses pour la troisième économie de la zone euro et ses entreprises n'est-elle donc qu'un « excès » ? Du côté des observateurs du Bel Paese, le diagnostic est pourtant clair et sans appel depuis des années : l'économie italienne stagne.

Si l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a fait part le mois dernier de ses inquiétudes sur la capacité du pays à réduire sa dette publique abyssale (la quatrième au monde, après les États-Unis, le Japon et l'Allemagne), elle s'est justifiée en soulignant que « les risques résident avant tout dans la perspective d'une croissance faible » du pays. « Durant la dernière décennie, l'Italie a souffert d'une croissance économique basse, d'une faible productivité et d'une compétitivité déclinante », résumait en juillet le Fonds monétaire international (FMI). Depuis dix ans, l'économie de l'autre côté des Alpes fait du surplace : 0,2 % de progression annuelle de son produit intérieur brut en moyenne depuis 2001 contre 1,1 % pour la zone euro ou pour la France.

Cette panne de croissance est toutefois plus contrastée qu'il n'y paraît : le centre-nord de l'Italie (soit le territoire au nord de Rome) a vu son PIB augmenter l'an dernier de 1,7 %, soit du même ordre que celui des Pays-Bas ou de la France. Mais la stagnation du sud de la péninsule, le Mezzogiorno, dont l'activité n'a progressé que de 0,2 % en 2010, selon les calculs de l'institut de recherche Svimez, plombe le reste du pays. Aussi la crise ne date-t-elle pas d'hier, loin s'en faut. « L'économie italienne présentait des faiblesses structurelles bien avant la crise économique et financière mondiale actuelle », dixit la Commission européenne.

La crise mondiale a frappé durement cette économie particulièrement tributaire de ses exportations. À l'instar de la France, l'export italien n'a pas encore compensé sa chute durant la crise. « Les exportations italiennes étaient toujours 12 % inférieures à leur niveau de 2007 », rappelait récemment S&P. La force de l'euro aurait particulièrement pénalisé les productions italiennes, une bonne partie d'entre elles se trouvant encore dans la phase d'adaptation à une concurrence venue des marchés émergents aux coûts bas. Les exportateurs italiens ne peuvent plus espérer une quelconque dévaluation de leur monnaie, contrairement à la situation avant l'euro.

Mais l'euro a le plus souvent bon dos. La productivité horaire en Italie a fait, en dix, ans du surplace, aux dires mêmes du gouverneur de la Banque d'Italie, Mario Draghi, alors qu'elle progressait de 9 % dans l'Hexagone. « Notre productivité stagne car le système de production ne s'est pas encore bien adapté aux nouvelles technologies, à la globalisation », explique-t-il. Les facteurs sont multiples. Un des plus nets est la situation catastrophique du système scolaire. « Malgré de fortes dépenses par élève, les résultats moyens d'un adolescent de 15 ans italien sont parmi les plus bas de l'étude PISA de l'OCDE », rappelle le FMI. Mais pour y remédier, comme pour les autres réformes urgentes, il faudrait aussi un exécutif fort. Tout le contraire de la situation actuelle à Rome.

Commentaire 1
à écrit le 07/08/2011 à 6:53
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L'Italie doit se transformer, comme tout les autres États, en béni oui-oui des financiers!?

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