Les émeutes en Angleterre épousent la carte du chômage des jeunes

Les émeutes qui secouent Londres depuis samedi se propagent dans les zones multi-ethniques où le chômage des jeunes est très élevé, constate le chercheur Jonathan Wright du think tank Work Foundation. Le problème de "la génération perdue" des jeunes des quartiers défavorisés explique en grande partie ces violences.
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La police londonienne est dépassée par les évènements : les violences, les pillages et les incendies qui secouent Londres depuis samedi soir se multiplient dans la capitale britannique et ont gagné d'autres villes comme Birmingham et Liverpool. Ce mardi, alors que le Premier Ministre, David Cameron, tenait une réunion de crise qui a écourté ses vacances, un homme de 26 ans, grièvement blessé lors des émeutes lundi soir, a succombé à ses blessures.

Si la mort de Mark Duggan jeudi soir lors d'une opération de police contre la criminalité a été l'élément déclencheur de la manifestation pacifique de samedi qui a mal tourné, "les actes de criminalité à travers Londres n'ont rien avoir avec cet incident", a déclaré le maire de Londres, Boris Johnson, dans un communiqué.

Il semblerait en effet que le problème dépasse un simple désir de justice pour Mark Duggan. Pour certains, il s'agirait d'une contestation des mesures d'austérité mises en place par le gouvernement.

Le vrai problème : le chômage des jeunes

"L'austérité est loin d'être le c?ur du problème", estime Jonathan Wright, chercheur au Work Foundation, think tank spécialisé sur le travail au Royaume-Uni. Selon lui, le chômage de cette "génération perdue" de jeunes, qui concerne 19,6% des jeunes britanniques, est plus pertinent pour comprendre les émeutes.

En effet, les violences ont lieu principalement dans les quartiers et les villes où le chômage des jeunes de 16 à 24 ans est élevé. Par exemple, le quartier de Hackney, un des endroits les plus touchés par les émeutes, a un taux de chômage des jeunes de 35%, contre 13% dans le Kensington qui a été épargné par les violences. Autre exemple, les pillages ont gagné la ville de Liverpool, où le chômage touche 27% des jeunes.

"C'est très triste à voir. Mais les jeunes n'ont pas de travail, pas d'avenir et les mesures d'austérité ont aggravé la situation", témoigne un électricien de Hackney , Adrian Anthony Burns, à Reuters.

1,37 millions de jeunes chômeurs

Jonathan Wright nuance. "Le chômage des jeunes n'est pas nouveau et on ne peut pas tout mettre sur le dos de la crise financière", précise-t-il.  "Si en cette période de récession, les jeunes diplômés sont au chômage, dès que la croissance reprendra, ils trouveront facilement du travail."
En revanche, le vrai problème concerne ces jeunes non diplômés qui même en période de croissance ne trouvent pas de travail. En 2003, ils étaient déjà 950.000 de jeunes n'étudiant pas et ne travaillant pas à temps complet. Aujourd'hui, ce chiffre s'élève à 1,37 millions de jeunes.

Les mesures d'austérité sont un facteur aggravant le chômage des jeunes mais la source du problème "provient principalement du système scolaire qui n'arrive pas à donner aux jeunes les compétences les plus basiques pour pouvoir travailler", analyse Jonathan Wright. Le rapport Wolf sur l'enseignement professionnel commandé par le gouvernement britannique semble confirmer ces propos. Moins de 50% des jeunes de 16 ans en enseignement professionnel ont obtenu la moyenne en Mathématiques et en Anglais à l'épreuve du GCSE, l'équivalent du Brevet français.

Que faire pour le chômage des jeunes ? Jonathan Wright juge qu'il est nécessaire de coordonner les politiques, d'investir davantage dans l'éducation secondaire voire tertiaire, et remettre en place les fonds qui visent à encourager l'éducation et l'emploi comme le "Education Maintenance Allowance" ou le "Future Jobs Funds". En d'autres termes, un "New Deal pour les jeunes" comme celui mis en place, avec succès, en 1998.

En attendant, David Cameron tente de contenir les émeutes en faisant appel à dix mille policiers supplémentaires à Londres. Mais à terme, il devra davantage s'intéresser au chômage des jeunes afin de résoudre durablement le problème.

Commentaires 5
à écrit le 14/08/2011 à 14:00
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L'éducation, elle n'est pas tertiaire, mais supérieure et elle semble vous manquer .

à écrit le 10/08/2011 à 9:39
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La Grande Bretagne est un pays surpeuplé et donc condamné à un chômage élevé.

à écrit le 09/08/2011 à 18:49
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ça fait quand même penser à ce qu'il s'est passé en afrique du nord. alors pourquoi on ne parle pas de "printemps anglais " ? pourquoi on ne soutient pas les insurgés ?

le 10/08/2011 à 8:07
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car c'est deja l'ete . !

le 10/08/2011 à 15:24
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Il faut geler les avoirs de la Reine. On les rendra à la jeune démocratie qui est en train de naitre sous nos yeux émerveillés.

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