Silvio Berlusconi se résigne à l'austérité

Sous la pression des marchés financiers et de la Banque centrale européenne (BCE), le Président du Conseil italien a dû se résoudre à annoncer une batterie de mesures d'austérité pour réduire la dette abyssale de son pays. Au menu: taxe exceptionnelle sur les revenus annuels dépassant 90 000 euros, retraite plus tardive pour les femmes travaillant dans le privé, suppression et fusion de collectivités locales...etc... Mais les critiques fusent sur ces choix.
Silvio Berlusconi a annoncé un ensemble de hausses d'impôts et de réductions de dépenses visant à équilibrer les finances publiques de l'Italie sous la pression de la Banque centrale européenne (BCE).

"Il n'y a pas d'alternative à ce plan de rigueur supplémentaire".

Alors que la Banque centrale européenne (BCE) soutient depuis la semaine dernière la péninsule en achetant des bons d'obligations du Trésor italien, Silvio Berlusconi et son ministre de l'Economie Giulio Tremonti ont dévoilé avec cette formule vendredi soir une nouvelle cure d'austérité de 45 milliards d'euros pour tenter d'atteindre l'équilibre budgétaire dès 2013.

Sous pression, le gouvernement transalpin a ainsi décidé de ne plus perdre de temps et d'adopter tout un train de mesures des plus variées, juste avant la pause du 15 août, pour rassurer les marchés. Entre augmentations d'impôts, coupes sévères dans des dépenses et suppressions de postes dans la fonction publique, il s'agît de l'une des plus fortes « manoeuvres budgétaires » jamais approuvées en Italie.

En présentant le document, les responsables italiens ont assuré que l'initiative sera accompagnée d'autres mesures structurelles parmi lesquelles la privatisation et la libéralisation des services publics locaux ou encore une plus grand flexibilité du marché du travail afin de relancer la croissance qui ne devrait pas dépasser 1% en 2011.

Mais pour l'heure, les normes détaillées vendredi soir visent principalement à contenir le déficit budgétaire et l'endettement qui représente 120% du PIB.

En premier lieu, le gouvernement a annoncé l'introduction d'une "contribution exceptionnelle de solidarité" pour les hauts revenus. Pendant trois ans, les Italiens gagnant plus de 90.000 euros par an devront acquitter une taxe d'un montant de 5%. Une augmentation à 20% des taxes sur les gains financiers (à l'exception des obligations du Trésor) a également été approuvée.
Le gouvernement a par ailleurs décidé d'anticiper l'augmentation à 65 ans de l'âge légal du départ à la retraite des femmes travaillant dans le secteur privé. La mesure devrait rapporter 1 milliard d'euros. Sur ce front, le gouvernement n'a pas été plus loin en s'attaquant, comme envisagé, aussi aux pensions d'ancienneté. Le ministre de la Ligue du Nord, Umberto Bossi avait menacé à demi-mots de provoquer une crise politique si une réforme plus substantielle était proposée. "On ne touche pas aux retraites des travailleurs" avait-il lancé.

Les coupes budgétaires porteront donc davantage sur la politique et l'organisation de l'Etat. Après avoir résisté pendant plusieurs mois, Silvio Berlusconi s'est résigné à diminuer le nombre d'échelons administratifs. Une trentaine de provinces (l'équivalent des départements français) de moins de 300.000 habitants seront supprimées de même que près de 2000 communes de moins de 1000 habitants. Au total, le gouvernement a prévu de réduire de 54000 unités le nombre de postes d'élus ou de conseillers. Pour satisfaire l'opinion publique qui depuis des années réclame la fin des privilèges de la « caste politique », toute une série de petites normes ont aussi été entérinées parmi lesquelles l'obligation pour les parlementaires de voler en classe économique.

Ces annonces n'ont toutefois pas empêché les critiques. Les collectivités locales, particulièrement touchées avec une diminution des transferts de ressources de l'Etat central, sont mobilisées contre le décret du gouvernement. "C'est insoutenable" s'est insurgé Roberto Formigoni, président (droite) de la région Lombardie. Le principal syndicat du pays, la CGIL, envisage d'appeler à une grève générale. "Ce plan frappe les plus démunis et ceux qui paient leurs impôts" dénonce la secrétaire générale de la CGIL, Susanna Camusso qui critique "l'absence de mesures pour la croissance". De son côté, le patronat suggère "une augmentation de la TVA et une réforme des pensions de retraite" pour trouver de l'argent en vue de relancer l'activité.

"Il y a eu un coup de rasoir mais l'ambition manque" a par ailleurs ajouté l'éditorialiste du Sole 24 Ore, le quotidien économique contrôlé par le patronat italien.

Ancien patron des patrons et président de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo a également été très critique jugeant que la contribution exceptionnelle touchait des personnes "qui versent déjà 50% de leurs revenus au fisc et qui voient autour d'eux des gens qui gagnent beaucoup plus et ne déclarent presque rien". Pour lutter contre les nombreux fraudeurs italiens, Luca Cordero di Montezemolo estime "qu'un impôt exceptionnel sur les patrimoines de 5 à 10 millions aurait été préférable".

Mais Silvio Berlusconi, qui a déjà affirmé que son "coeur saignait" à l'idée d'augmenter les impôts, a catégoriquement rejeté la solution d'une taxe sur le patrimoine en expliquant que "ses électeurs ne le comprendraient pas".

Commentaires 3
à écrit le 16/08/2011 à 20:52
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Et comme toujours, c'est au croquant de payer l'incurie de ses apparatchiks : le grand copain de Sarkozy a soigneusement éviter de réduire le train de vie des "dirigeants", mais au moins ils supprime des découpages administratifs inutile : à quand la...

à écrit le 15/08/2011 à 13:31
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Attention à ne pas confondre le dirigeant du pays et le peuple de ce pays. Cela m'étonnerait qu'el cavaliere se borne aux pâtes à tous les repas à la suite de cette annonce. C'est comme si vous accusiez les français de dépenses exorbitantes comme l'a...

à écrit le 15/08/2011 à 10:06
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Pour lui ou les Italiens déjà exangues?????

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