Plan d'aide à la Grèce : la Finlande en trouble-fête

Par Frank Paul Weber  |   |  424  mots
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Les garanties obtenues par Helsinki remettent en cause le fragile échafaudage décidé le 21 juillet pour sauver l'euro.

Deux lignes dans les résolutions du Sommet de la zone euro du 21 juillet risquent de faire tomber tout l'échafaudage du nouveau plan de sauvetage à la Grèce. Les chefs d'État et de gouvernement participant à la monnaie unique avaient en effet concédé à la Finlande qu'elle puisse obtenir des garanties (« collatéral ») concrètes pour les millions d'euros qu'Helsinki devrait contribuer, comme ses pairs, au nouveau fonds de soutien à Athènes. « Le cas échéant, un contrat de garantie sera mis en place de façon à couvrir le risque résultant, pour les États-membres de la zone euro, des garanties qu'ils auront fournies au FESF [Fonds européen de stabilité financière] » avaient écrit les 17 dirigeants.

Il s'agissait de permettre au nouvel exécutif finlandais de sauver la face : depuis la percée des eurosceptiques « Vrais Finlandais » aux législatives d'avril dernier, le nouveau gouvernement est soumis à une vive pression pour ne plus aider sans contrepartie les États dépensiers de l'euro. Contre toute attente la ministre des Finances, la sociale-démocrate Jutta Urpilainen a annoncé mardi avoir trouvé un accord bilatéral avec la Grèce par lequel cette dernière s'oblige à reverser à la Finlande tout ou partie de la contribution du pays (estimée à environ 1,4 milliard d'euros) au nouveau plan d'aide (d'un montant total de 109 milliards d'euros) en la plaçant en actifs « peu risqués ».

En somme, comme l'écrit le quotidien grec Ekathimerini, « la contribution finlandaise [au plan global] est annulée ». « Des négociations sont encore en cours sur les détails de cet accord » indique à La Tribune le ministère finlandais des Finances. Mais déjà d'autres gouvernements de la zone euro, eux aussi réticents à payer à nouveau pour Athènes, se sont engouffrés dans la brèche. « La Grèce n'ayant pas elle-même les moyens pour cette garantie, ce sera à l'Union européenne (UE) de l'aider et donc les autres États-membres paieraient, nous n'en voyons pas la justification : l'Autriche, ayant déjà beaucoup contribué, elle devrait en plus payer pour des garanties à la Finlande...C'est insensé », s'exclame le porte-parole du ministère autrichien des Finances.

Les Pays-Bas ont indiqué eux aussi qu'ils demanderaient les mêmes garanties que celles obtenues par la Finlande...La Slovaquie et la Slovénie y réfléchiraient. Les hauts fonctionnaires des 17 en discutent depuis jeudi. Paris et Berlin restent volontairement cois sur le sujet. Mais le casse-tête finlandais menace de faire s'effondrer le complexe mécanisme de sauvetage de l'euro comme un château de cartes.