Deux lignes dans les résolutions du Sommet de la zone euro du 21 juillet risquent de faire tomber tout l'échafaudage du nouveau plan de sauvetage à la Grèce. Les chefs d'État et de gouvernement participant à la monnaie unique avaient en effet concédé à la Finlande qu'elle puisse obtenir des garanties (« collatéral ») concrètes pour les millions d'euros qu'Helsinki devrait contribuer, comme ses pairs, au nouveau fonds de soutien à Athènes. « Le cas échéant, un contrat de garantie sera mis en place de façon à couvrir le risque résultant, pour les États-membres de la zone euro, des garanties qu'ils auront fournies au FESF [Fonds européen de stabilité financière] » avaient écrit les 17 dirigeants.
Il s'agissait de permettre au nouvel exécutif finlandais de sauver la face : depuis la percée des eurosceptiques « Vrais Finlandais » aux législatives d'avril dernier, le nouveau gouvernement est soumis à une vive pression pour ne plus aider sans contrepartie les États dépensiers de l'euro. Contre toute attente la ministre des Finances, la sociale-démocrate Jutta Urpilainen a annoncé mardi avoir trouvé un accord bilatéral avec la Grèce par lequel cette dernière s'oblige à reverser à la Finlande tout ou partie de la contribution du pays (estimée à environ 1,4 milliard d'euros) au nouveau plan d'aide (d'un montant total de 109 milliards d'euros) en la plaçant en actifs « peu risqués ».
En somme, comme l'écrit le quotidien grec Ekathimerini, « la contribution finlandaise [au plan global] est annulée ». « Des négociations sont encore en cours sur les détails de cet accord » indique à La Tribune le ministère finlandais des Finances. Mais déjà d'autres gouvernements de la zone euro, eux aussi réticents à payer à nouveau pour Athènes, se sont engouffrés dans la brèche. « La Grèce n'ayant pas elle-même les moyens pour cette garantie, ce sera à l'Union européenne (UE) de l'aider et donc les autres États-membres paieraient, nous n'en voyons pas la justification : l'Autriche, ayant déjà beaucoup contribué, elle devrait en plus payer pour des garanties à la Finlande...C'est insensé », s'exclame le porte-parole du ministère autrichien des Finances.
Les Pays-Bas ont indiqué eux aussi qu'ils demanderaient les mêmes garanties que celles obtenues par la Finlande...La Slovaquie et la Slovénie y réfléchiraient. Les hauts fonctionnaires des 17 en discutent depuis jeudi. Paris et Berlin restent volontairement cois sur le sujet. Mais le casse-tête finlandais menace de faire s'effondrer le complexe mécanisme de sauvetage de l'euro comme un château de cartes.