Haro allemand sur la BCE et Trichet

Par Frank Paul Weber  |   |  330  mots
La chancelière Angela Merkel et le président dela République Christian Wulff, tous deux chrétiens-démocrates (CDU)
Le Président allemand, Christian Wulff, a vertement critiqué mercredi devant des Prix Nobel d'économie la politique de rachat d'emprunts d'Etat, notamment italiens et espagnols, par la Banque centrale européenne (BCE). Une critique éminente, et juridique, qui s'ajoute à un chœur de responsables allemands vent debout contre le Président de la BCE.

Elle est loin l'époque où les responsables allemands ne tarissaient pas d'éloges sur Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), le "plus allemand des hauts fonctionnaires français" selon la formule de l'ancien ministre des Finances du chancelier Kohl, Theo Waigel.


A presque deux mois de son départ de la BCE, Jean-Claude Trichet voit se mobiliser contre lui et son institution les responsables politiques et économiques allemands. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase outre-Rhin est la décision de la BCE du dimanche 7 août d'étendre son programme de rachat d'obligations d'Etats de la zone euro en difficulté (à l'instar de la Grèce ou du Portugal) aux emprunts de l'Italie et de l'Espagne. Depuis l'institution de Francfort a rempli ces caisses pour quelques trente milliards d'euros de ces titres, soit au total 110 milliards d'euros d'emprunts d'Etats depuis le début de la crise grecque en 2010.

"Je considère l'achat massif d'emprunts de certains pays par la BCE pour contestable juridiquement" a critiqué mercredi le président de la République allemand, Christian Wulff, devant un aréopage de Prix Nobel d'économie à Lindau. Ce quinquagénaire chrétien-démocrate (le parti de la chancelière Merkel) a fait explicitement référence à l'article 123 du traité de l'UE qui "interdit à la BCE et aux banques centrales des États membres (...) d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, (...) des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite".

A quelques jours de la décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe sur les actuels fonds de sauvetage des pays en difficulté (Grèce, FESF), ce rappel à la loi de son premier représentant souligne la défiance généralisée pour le mécanisme de sauvegarde de l'euro chez son premier bailleur de fonds.