Le niveau de provision des banques pour le risque grec est contesté

Les méthodes de calcul choises par les établissements euopéens sont jugés non pertinentes par l'Institut international des normes comptables.
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Rares sont les jours où le secteur bancaire ne soulève pas de doutes... Mardi, c'est sur le niveau de provision des banquiers et des assureurs que s'interroge le marché. Les différents établissements ont en effet passé des provisions dans leurs comptes du deuxième trimestre pour se couvrir contre la dépréciation des obligations souveraines grecques qu'ils détiennent : 640 millions d'euros pour Crédit Agricole, 268 millions d'euros pour Société Générale, 158 millions d'euros pour La Banque Postale ou encore 92 millions d'euros pour Axa.

Pour ce faire, ils ont suivi la recommandation faite par l'Institut de la finance internationale dans le cadre du plan de sauvetage établi le 21 juillet, à savoir l'application d'une décote de 21 % de la valeur actualisée nette des titres détenus. Alors que la participation des créanciers privés est encore dans la balance (voir ci-contre), voilà que l'Institut international des normes comptables (IASB) s'interroge sur la pertinence du mode de calcul de cette décote, dans une lettre adressée à l'Autorité européenne de contrôle des marchés, relayée par le « Financial Times ».

Car certains ont pris en compte la valeur de marché des titres grecs et passé des provisions plus élevées. Comme Royal Bank of Scotland, qui a appliqué une décote de 50 %, selon le quotidien britannique. « Quel est l'intérêt, dans son bilan, de comptabiliser une perte de 50 %, sachant que les titres seront remboursés à maturité ? Ses provisions pourraient même être excédentaires : si le deuxième plan d'aide à la Grèce est accepté, les titres grecs devraient remonter assez fortement », explique Cyril Regnat, stratégiste chez Natixis.

BNP Paribas et CNP Assurances seraient visés par l'IASB, ayant respectivement mis de côté 534 millions d'euros et 353 millions d'euros. Pour les deux établissements, c'est l'incompréhension. « Nous avons provisionné en plein accord avec nos auditeurs et les autorités compétentes. Un seul chiffre était officiel pour calculer cette provision, car il n'y avait plus vraiment de prix de marché », affirme un porte-parole de BNP Paribas. CNP souligne qu'elle a aussi suivi l'accord du 21 juillet. Les créanciers privés auraient-ils dû dépasser la recommandation des autorités ? « Aucune transaction ne s'effectue aujourd'hui sur la dette grecque. La valeur de marché ne veut plus rien dire », affirme Cyril Regnat.

Il est trop tôt pour dire si le montant de ces provisions sera révisé le prochain trimestre. Mais après les craintes de la Fed sur le niveau de liquidités des banques européennes, cette critique n'est-elle pas qu'une attaque de plus des Anglo-Saxons visant à déstabiliser les établissements du Vieux Continent ?

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