Silvio Berlusconi renonce à taxer les riches et s'en prend aux retraites

Par Robert Lavéran, à Rome  |   |  339  mots
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Le Cavaliere contraint de revoir de fond en comble son plan de rigueur.

Quinze jours après avoir annoncé l'adoption d'un correctif budgétaire de 45 milliards d'euros sur deux ans, le gouvernement italien a pratiquement remis en discussion la totalité de son plan d'austérité lundi soir. Pour satisfaire ses alliés et une partie de son électorat mécontent du premier train de mesures, la « manovra » a en effet été revue de fond en comble en supprimant notamment l'une des mesures phares du texte à savoir une « contribution exceptionnelle de solidarité » sur les hauts revenus dépassant les 90.000 euros annuels. Officiellement, le gouvernement soutient que l'objectif des 45 milliards demeure. Mais la composition du paquet de mesures a été radicalement transformé. Les collectivités locales qui protestaient contre les coupes sévères (environ 9,2 milliards d'euros sur deux ans) seront moins pénalisées (pour environ 2 milliards d'euros). En revanche, tous les conseils provinciaux (l'équivalent des départements) seront éliminés et non plus seulement ceux de moins de 300.000 habitants. Le nombre de parlementaires sera divisé par deux. Pour le reste, le gouvernement compte atteindre l'équilibre budgétaire en 2013 avec une petite réforme des retraites ? les années de service militaire et d'études ne seront plus prises en compte ? et à travers une lutte plus efficace contre l'évasion fiscale.

Grève générale à venir

« Cette loi est plus équitable » soutient Silvio Berlusconi, « très satisfait » d'avoir évité l'introduction d'une taxe sur le patrimoine et supprimé la contribution exceptionnelle. « Mon coeur saigne d'avoir mis la main dans les poches des Italiens » avait-il lâché à la mi-août. Ses alliés de la Ligue du Nord qui s'inquiétaient notamment d'une réforme plus substantielle sur les retraites estiment que «les objectifs ont été atteints ». À l'inverse, Susanna Camusso, secrétaire nationale du syndicat Cgil, parle « d'un coup d'état sur les retraites » et confirme la grève générale pour le 6 septembre. Les marchés non plus ne semblent pas convaincus. L'écart entre les taux sur les obligations d'Etat allemands et italiens est remonté hier à plus de 300 points.