Pays pauvres : la France et l'Allemagne donnent beaucoup... mais mal

Par latribune.fr  |   |  533  mots
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Une étude de l'ONG ActionAid révèle que la dépendance des pays les plus pauvres à l'aide internationale se réduit. Et les aides sont de plus en plus efficaces. Sauf chez certains...

Commençons par la bonne nouvelle : selon une étude de l'ONG ActionAid, la dépendance à l'aide internationale de 54 pays parmi les plus pauvres a diminué d'un tiers lors de la décennie écoulée. Mieux encore : depuis 2006, l'aide réelle, c'est-à-dire l'argent provenant de l'aide internationale utilisé concrètement pour développer le pays destinataire, est passé de 51% à 55% de l'aide totale, soit 66 milliards de dollars sur un total de 120 milliards. Quatorze des trente pays les plus dépendants à l'aide internationale en 2000 ont réduit leur dépendance de plus de 20% à l'aurée de la nouvelle décennie. Le reste du montant total se partage entre l'aide technique au pays destinataire (15% du total), les programmes qui n'ont pas d'impact direct sur la réduction de la pauvreté (14%), ou encore les réductions de dette (3,5%). 7% des sommes totales sont "perdues" à cause d'une mauvaise affectation.

Réduction de la dépendance à l'aide

Quatorze des trente pays les plus dépendants à l'aide internationale en 2000 ont réduit leur dépendance de plus de 20% en 2009. L'amélioration la plus flagrante est celle du Ghana. En 2000, l'aide internationale représentait 46% des dépenses de l'Etat, contre seulement 27% en 2009. Au Mozambique, elle est passée de 74% à 58%, de 86% à 65% au Rwanda ou de 53% à 34% au Népal. Une amélioration significative pour Laura Sullivan, experte chez ActionAid. "La qualité de l'aide augmente, de sorte que chaque euro dépensé donne de plus en plus de résultats pour les pauvres, ce qui contribue à réduire la dépendance à l'aide de ces pays", se réjouit-elle.

La France parmi les maillons faibles

Mais ce n'est pas le cas de tous les pays donateurs, loin s'en faut. La dépendance de ces pays aurait pu se réduire beaucoup plus si certains donateurs géraient mieux l'aide qu'ils fournissent, souligne l'étude. Parmi les mauvais élèves, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis, qui font pourtant partie des plus gros donateurs en volume, manquent d'efficacité. En 2009, seulement 28% de l'aide totale fournie par Paris est comptabilisée comme une "aide réelle", c'est-à-dire qui agit directement sur la pauvreté. La France est en avant-dernière position des 23 pays examinés par l'étude. Seule la Grèce fait pire, avec seulement 17% d'aide réelle sur le montant total de son aide. Devant la France, l'Allemagne (42%) puis les Etats-Unis (43%) sont aussi considérés comme des pays qui pourraient mieux faire. En haut du podium, mention honorable pour l'Irlande (86%), le Royaume-Uni (85%) et le Luxembourg (82%).

Autres reproches à l'adresse des pays riches : 9 des 23 donateurs ont alloué plus de 30% de leur aide à des pays qui ne sont pas considérés par ActionAid comme des "pays prioritaires". C'est le cas de la Grèce, l'Espagne et l'Autriche sont les plus visés. Mais les Etats-Unis, la France et l'Allemagne sont également pointés du doigt. "L'objectif ultime devrait être de mettre fin à la dépendance des pays pauvres à l'aide internationale, de placer les pays pauvres dans le siège du conducteur de leur propre développement", estime Laura Sullivan.

Plus l'aide se traduit concrètement, plus elle est efficace, selon l'étude. Le duo franco-allemand ou les Etats-Unis feraient bien de mieux investir... pour moins avoir à investir à terme.