Au Royaume-Uni, soixante hopitaux en situation de faillite

Le gouvernement du Royaume-uni pensait avoir trouvé la panacée grâce à des partenariats public/privé.
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C'était la « troisième voie » qui tenait tant à coeur à la Grande-Bretagne. En lançant dans les années 1990 les fameux PFI (private finance initiatives), le gouvernement de John Major, suivi avec enthousiasme par celui de Tony Blair, croyait avoir trouvé la recette miracle : le secteur privé finançait la construction d'un hôpital, ou d'une école, sans que le gouvernement n'ait besoin de débourser un centime. Le remboursement s'effectuait ensuite durant de longues décennies avec un versement annuel des autorités publiques.

La multiplication de ces accords vient désormais hanter les services de santé britanniques. Soixante hôpitaux, qui traitent 12 millions de patients, n'arrivent plus à faire face à la facture de leur PFI. Deux raisons principales sont avancées : le plan d'austérité a rendu l'argent plus rare et la plupart des PFI sont indexés sur l'inflation ; Or celle-ci frôle 5 % cette année. « Les PFI ont tout simplement été mal négociés par l'administration travailliste », accuse un porte-parole du gouvernement conservateur.

Facture salée

Le gouvernement britannique a longtemps encouragé le recours à de tels contrats, notamment parce que les investissements réalisés n'apparaissaient pas dans les comptes publics. Face à cette demande pressante, les prêteurs privés ont imposé des conditions très strictes lors de la signature des contrats, d'autant qu'ils hésitaient à s'engager sur des projets d'aussi long terme. En conséquence, certains étalent le remboursement sur 35 ans, et la plupart réalisent aussi la maintenance, le nettoyage, l'alimentation... Pour certains hôpitaux, la facture peut atteindre 20 % du budget annuel.

Ces dix dernières années, le Royaume-Uni a signé plus de 700 PFI, dont 120 dans le secteur de la santé. La soixantaine d'hôpitaux en difficultés sont regroupés au sein d'une vingtaine de « trusts », ce qui signifie que plus de 15 % des contrats passés posent désormais problème.

Le gouvernement actuel en fait une affaire politique. « Depuis un an, nous travaillons à mettre à jour le désordre laissé par les travaillistes, et la vérité est que certains hôpitaux se retrouvent avec des PFI qu'ils ne peuvent tout simplement pas payer, s'insurge Andrew Lansley, le ministre de la Santé. Comme pour l'économie, les travaillistes ont mis le NHS (système de santé) au bord de la faillite. »

Néanmoins, le principe du PFI n'est pas remis en cause par le gouvernement. Celui-ci continue à penser que les partenariats public-privé restent intéressants, si les conditions ne sont pas trop favorables aux entreprises. En outre, en juillet dernier, le CBI (patronat) insistait pour faire plus appel aux PFI : le pays ayant besoin d'investissements mais n'ayant plus d'argent, cela lui paraissait une solution simple et efficace.

 

Commentaire 1
à écrit le 26/12/2011 à 22:48
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Gare au triomphalisme, ça pourrait très bien arriver chez nous un jour ou l'autre...

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