L'Espagne annule une privatisation qui aurait rapporté gros... celle de sa loterie

La loterie nationale espagnole devait être partiellement privatisée. Mais Madrid y renonce, justifiant sa décision par des conditions de marché défavorable. Les banques et surtout le contexte électoral auraient aussi joué.
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Dans le train des économies engagées par l'Espagne, la vente de la loterie attendra. La Loterias y Apuestas del Estado (LAE) devait être en partie privatisée. La cession de 30% de son capital pouvait rapporter jusqu'à 9 milliards d'euros à l'Etat. Mais, ce jeudi, à la veille de son entrée en Bourse, le gouvernement Zapatero a fait machine arrière. Version officielle du ministère de l'Economie pour justifier ce blocage : la baisse des marchés boursiers aurait empêché d'obtenir le prix escompté. La vente pourrait reprendre quand les conditions de marché s'amélioreront explique le ministère dans un communiqué.

Des banques opposées à l'opération

Pourtant, cette loterie rapporte gros, et pas seulement aux gagnants de ses tirages, parmi les mieux dotés au monde. En 2009, elle a dégagé un bénéfice net de 2,594 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 9,6 milliards. La privatisation partielle devait constituer la plus grosse introduction en Bourse jamais réalisée en Espagne. Toutefois, des banques auraient fait pression pour retarder sa privatisation partielle et son introduction en Bourse, selon certains analystes interrogés par Reuters. Santander et BBVA considéraient les Loterias comme une concurrente directe à leurs projets de lever des fonds pour renforcer leur capital.

Pressions électorales

Cette décision intervient aussi dans un contexte électoral défavorable pour le parti socialiste au pouvoir. A quelques mois des élections législatives anticipées le Parti populaire (PP) de droite s'est clairement positionné contre les privatisations. Cristobal Montoro, en charge des questions économiques au sein du PP, l'a répété mardi, promettant de "réexaminer" le processus de privatisation en cas de victoire.

Les autres privatisations en cours seront-elles aussi retardées ? La ministre de l'Economie, Elena Salgado, assure que non. La vente de 90,05% de la gestion des aéroports de Madrid et Barcelone, prévue pour fin novembre qui doit rapporter 5,3 milliards, n'est pas remise en cause. En revanche, qu'aucun calendrier n'est arrêté pour la vente de 49% de l'organisme de gestion aéroportuaire Aena. Cette vente dépendra "des conditions du marché"a déjà fait savoir le gouvernement.

 

Commentaires 11
à écrit le 30/09/2011 à 10:22
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Les services publics dérangent le capitalisme, alors ils ont prêté outrageusement aux états, un banquier qui aurait fait de même avec un particulier serait jugé co responsable de la situation! Maintenant pour être remboursé ils mettent le couteau sou...

le 30/09/2011 à 13:11
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Partiellement d'accord avec vous : lorsque vous voyez l'"efficacité" de certains services publics comme en Italie par exemple, vous vous dites qu'il est normal qu'ils ne puissent que représenter un fardeau pour leur pays. Du service public, oui. Mais...

à écrit le 30/09/2011 à 6:31
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Céder des actifs (en Bourse quand celle ci est pessimiste) ou de gré à gré, est une décision erronée (ou de débiteurs aux abois). Ceci étant vrai dans tous les pays européens conviés à le faire (Grèce, Italie, Espagne,...). La solution proposée par l...

le 30/09/2011 à 8:58
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Vous avez raison de dire que le timing actuel est très défavorable à la cession d'actifs. Mais gouverner n'est-il pas prévoir ? Pourquoi les gouvernants espagnols, grecs, italiens, ... ont-ils attendu aussi longtemps pour prendre la décision de se re...

à écrit le 30/09/2011 à 4:58
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@ Alan John, Il n'y a pas de raison d'avoir plus peur qu'avant la crise. La dette globale n'augmente que de peu dans l'ensemble. Mais elle est simplement transféré momentanément des pays en difficulté vers le FESF. Le FESF se fera rembourser une fois...

le 02/10/2011 à 9:27
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J'espere que vous avez raison. Machiavelli mais a mon avis que la Grece, l'Irlande et le Portugal aient des dettes est une chose mais que toute l'Europe s'endette pour les sauver en est une autre. Je prefererais que les pays en difficulte puissent de...

à écrit le 29/09/2011 à 20:38
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Ils ne sont pas fous : pourquoi privatiser alors que les pays de l'UE votent tour àtour le renforcement du FESF ? Les Espagnols font clairement le choix de refuser de se séparer de leurs bijoux de famille pour se faire renflouer par les autres. Malin...

le 30/09/2011 à 1:20
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D'accord avec vous Etienne mais il parrait que ce ne serait pas 440 milliards mais 2 trillions qui seraient maintenant necessaire. Les Allemands se sont fait tirer l'oreille pour 440 milliards alors pour plus de 4 fois plus......J'ai, pour ma part d...

le 30/09/2011 à 4:50
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"se faire renflouer par les autres" mais l'argent est seulement prêté et avec des intérêts!

le 30/09/2011 à 8:54
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Parce que vous croyez que l'on reverra un jour l'argent prêté ? A mon sens, et sans aucune agressivité ni jugement de ma part, cela serait aussi naïf que de croire que les cotisants aux caisses de retraite reverront un jour, lors de leur retraite jus...

le 30/09/2011 à 9:00
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@ Alan John : j'ai également de plus en plus peur. Et ce qui me terrorise le plus, c'est que les gouvernants, loin de gérer les finances publiques en bons pères de famille, ont au coutraire une grande désinvolture. A croire que seuls leurs intérêts p...

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