Trichet refuse que la BCE finance un fonds de secours

Par Romaric Godin  |   |  473  mots
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Président de la Banque centrale européenne pour encore un mois, l'ex-gouverneur de la Banque de France a défendu un "saut fédéral" pour faire face à la crise. Il estime que le système financier n'est pas "complètement assaini".

"Nous sommes l'épicentre de la crise globale." Lors de son dernier discours devant le parlement européen à Bruxelles ce mardi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, qui quittera ses fonctions le 31 octobre prochain, n'a pas voulu caché l'ampleur des turbulences que traversent actuellement le Vieux continent.

Mais, pour lui, la solution se trouve d'abord dans plus d'Europe. "Toutes les économies européennes ont connu une alerte", a relevé l'ancien gouverneur de la Banque de France, mais, a-t-il ajouté, il n'est pas surprenant qu'en Europe, cette alerte concerne les gouvernements, car « nous avons un gros problème de gouvernance ».

Dans ce qui ressemble clairement à un testament politique, Jean-Claude Trichet a donc appelé à un véritable saut fédéral. "L'Europe devra accomplir des progrès significatifs vers l'unité politique avec un exécutif et un parlement dotés tous deux de responsabilités étendues comme dans toutes les démocraties", a jugé le patron de la BCE. Il en a, du reste, profité pour relancer et affiner sa proposition de créer un ministère européen des Finances qui ne serait "pas forcément responsable des grands budgets fédéraux", mais "d'une économie forte et de la surveillance et de la gouvernance budgétaires pour le secteur financier, ainsi que de la représentation extérieure de l'Union économique et monétaire".

Pour son dernier rendez-vous avec les députés européens, Jean-Claude Trichet a également défendu son bilan à la tête de la BCE et répondre aux attaques dont il a fait l'objet dans certains pays, notamment en Allemagne.

Intervention temporaire

Rejetant l'idée que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) puisse se refinancer auprès de la BCE comme certains l'ont évoqué, il a rappelé que "ce qui a été décidé" concernant le rachat de titres souverains l'a été "en prenant en compte la décision des exécutifs européens d'autoriser le FESF à intervenir sur le marché secondaire". Autrement dit, l'intervention de la BCE se veut temporaire. Mais il n'est pas question que la BCE finance un "fonds de secours", a-t-il répété. Il a prévenu que "le système financier n'est pas complètement assaini. Nous en sommes à la moitié du chemin".

Enfin, le patron de l'institution de Francfort a, à nouveau, insisté sur son bon bilan en termes d'inflation, mais aussi sur la "prudence", la "circonspection" et la "mesure" avec laquelle il a géré la politique monétaire de la zone euro. Et de se défendre : "nier que nous avons la pire crise de l'après-guerre serait l'erreur la plus terrible que nous pourrions commettre". Au final, Jean-Claude Trichet a renvoyé les gouvernements européens à leur responsabilité, rappelant que "en aucun cas", la BCE ne peut "se substituer aux gouvernements".