David Cameron : la crise rend l'austérité incontournable

Par latribune.fr et Reuters  |   |  589  mots
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Le Premier ministre britannique, David Cameron, a plaidé mercredi la cause de sa politique d'austérité en invoquant la crise économique actuelle, "aussi grave qu'en 2008".

La cure d'austérité du gouvernement conservateur et libéral est remise en question par les mauvais chiffres de la croissance, révisée à 0,1% au deuxième trimestre, et certains membres de la coalition prôneraient des mesures de relance.

En clôture du congrès du Parti conservateur à Manchester, David Cameron a insisté sur la nécessité de remettre les finances britanniques en bon ordre et de construire une économie basée sur l'industrie de pointe, les sciences et la technologie.

"Au moment où nous sommes réunis ici à Manchester, la menace pour l'économie mondiale - et la Grande-Bretagne - est aussi grave aujourd'hui qu'en 2008, lorsque la récession mondiale menaçait", a dit David Cameron.

Cette crise justifie selon lui la rigueur imposée par son gouvernement depuis son élection en mai 2010.

"Cela implique pour les gouvernements, dans le monde entier, de réduire leurs dépenses et de vivre à la mesure de leurs moyens (...) nous avons montré la voie ici en Grande-Bretagne."

"Notre plan est le bon. Et notre plan marchera. (...) Mais voilà le point crucial: il ne marchera que si nous nous y tenons", a dit le chef du gouvernement.

"SPIRALE DE SAUVETAGES"

David Cameron a fait de la réduction du déficit budgétaire, proche des 10% du PIB, la priorité de ses priorités.

Dans de nombreux ministères, les dépenses seront réduites de 20% d'ici 2015, année des prochaines élections législatives, et plus de 300.000 emplois devraient disparaître dans la fonction publique.

Mais le projet britannique est critiqué pour sa vision presque uniquement à long terme, avec une mutation de l'économie et la modernisation des infrastructures.

L'équilibre social britannique est menacé par l'austérité, disent certains, qui mettent en avant la hausse du chômage et de la pauvreté parmi les facteurs des violences du mois d'août.

Les syndicats du secteur public prévoient une nouvelle journée de grève contre la réforme des retraites le mois prochain.

"Je sais à quel point les choses sont dures. Je ne sous-estime pas une seule minute l'inquiétude des gens, que ce soit sur la façon de joindre les deux bouts ou sur l'état de l'économie mondiale", a dit David Cameron.

L'opposition travailliste n'en a pas moins estimé que le discours de Cameron montrait à quel point le Premier ministre était déconnecté des réalités.

"Le jour où les statistiques officielles confirment que l'économie a stagné depuis l'automne dernier, David Cameron déclare à la Grande-Bretagne qu'il poursuivra son plan d'austérité qui fait mal mais ne marche pas", a déclaré Chuka Umunna, député du Labour.

Le gouvernement reconnaît qu'il n'y a aucun moyen de protéger son économie de la crise de la dette dans la zone euro, le premier partenaire commercial de la Grande-Bretagne.

Mais, malgré sa dépendance, la Grande-Bretagne ne se fera pas "aspirer dans une spirale de sauvetages" de pays de la zone euro, a mis en garde David Cameron.

Simon Lee, professeur de sciences politiques à l'université de Hull, a été surpris de la discrétion de Cameron sur la façon de résoudre la crise de la dette ou d'empêcher une crise bancaire.

"Le fait qu'il en ait si peu parlé peut passer pour de la suffisance (...) Au vu de la contagion, on ne peut pas faire comme si cela ne touchera que des banques françaises et belges", a dit Simon Lee, en référence au plan de sauvetage de Dexia.