La grogne contre la gestion de la crise grecque va crescendo

Par latribune.fr  |   |  374  mots
Aline Robert
Des députés socialistes au Premier ministre luxembourgeois, en passant par le prix Nobel d'économie, les critiques se généralisent sur la façon dont le couple franco-allemand gère la crise de la dette souveraine depuis plusieurs mois.

 "L'indécision et l'attentisme aggravent la crise (économique et financière), dont la résolution coûtera dès lors davantage qu'elle n'aurait coûté si les bonnes décisions avaient été prises quand il le fallait."  Le socialiste Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances à l'Assemblée, a sévèrement critiqué la gestion de la crise de la zone euro. "La crise dure depuis trois ans et elle s'est aggravée considérablement depuis trois mois", renchérit-il dans un entretien à Reuters.

Des critiques très politiques, à deux jours du second tour des primaires du parti socialiste, dans lesquelles François Hollande, soutenu par le président de la Commission des Finances, est candidat.

A l'échelle de l'Europe, ces remarques sont néanmoins loin d'être isolées. Ainsi hier, Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg mais surtout président de l'eurogroupe, avait également remis en question l'action du couple franco-allemand. Malgré la multiplication des sommets et autres réunions, les mesures concrètes manquent et aucun consensus n'apparaît véritablement en Europe.

"Si vous regardez les 12 derniers mois, environ 70% des propositions franco-allemandes n'ont pas abouti à une décision", a  déclaré Jean-Claude Juncker au quotidien économique allemand Handesblatt. L'homme politique devait rencontrer jeudi après-midi le président grec, George Papandréou

Des discussions sont actuellement en cours avec les parties prenantes de la dette grecque, afin que les créanciers du pays se mettent d'accord sur la perte qu'ils sont prêts à accepter. Selon le lauréat du prix Nobel de l'économie, Christopher Pissarides, la Grèce devrait éviter le défaut si ses créanciers acceptaient d'enregistrer une perte de 50 % sur leurs obligations.

"Je suis optimiste sur l'évolution de la crise, mais je ne crois pas que le niveau de perte envisagé pour les créanciers soit suffisant pour l'heure" a-t-il indiqué. Les ministres des finances évoquent une perte (ou haircut, "coupe") de 20 % de la valeur des obligations grecques. Selon Christopher Pissarides, c'est une réduction de 50 % de la valeur de ces obligations qu'il est aujourd'hui nécessaire d'effectuer, sans quoi le pays ne pourra faire face à ses engagements. La dette de la Grèce représente aujourd'hui 160 % de son PIB.