Entre 1995 et 2005, la qualité de vie au travail s'est dégradée en Europe

Par Isabelle Moreau  |   |  397  mots
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Une récente enquête du Centre d'études pour l'emploi (CEE) montre qu'entre 1995 et 2005, la Grèce et le Portugal présentent le niveau de qualité de vie le plus faible dans l'UE à quinze. Tandis que la France est mal placée en terme de pénibilités physiques.

Les enquêtes se suivent et, malheureusement, se ressemblent. Celle que vient de livrer le Centre d'études de l'emploi (CEE), intitulée "la dégradation de la qualité de vie au travail en Europe entre 1995 et 2005", en est une illustration.

Le CEE montre ainsi que les pénibilités physiques ont continué de se développer, que l'intensité des contraintes pesant sur les individus s'est accrue et que les tâches sont devenues moins complexes, autrement dit moins enrichissantes pour les travailleurs.

Une détérioration en Allemagne et en Italie

En 2005, poursuivent les Nathalie Greenan, Ekatarina Kaluginna et Emmanuelle Walkowiak, auteurs de l'étude, la Grèce et le Portugal présentent le niveau de qualité de vie au travail le plus faible. En dix ans, l'Allemagne et l'Italie ont connu une détérioration tandis que l'Autriche et l'Irlande ont enregistré une amélioration.

Les auteurs insistent également sur le fait que les différentes dimensions de la qualité de vie au travail sont parfois liées entre elles. Ainsi, une forte pénibilité va souvent de pair avec une forte intensité technique. Tandis qu'un travail peu intense est souvent associé à une faible intensité marchande et une complexité moindre.

Le degré de pénibilités physiques toujours élevé en France

Le CEE montre qu'il n'existe pas de pays en Europe, où la qualité de vie est en tous points meilleure qu'ailleurs. Exemple : si le Royaume-Uni et l'Irlande se situe en haut du classement en matière de pénibilité du travail et d'intensité des contraintes, ils sont moins bien classés que d'autres pays en terme de complexité du travail. A l'inverse, c'est dans les pays du nord que le travail atteint son plus haut niveau de complexité et d'intensité, notamment marchande. Le travail est fortement contraint, mais valorisant.

Et la France ? Sa position, au sein de ce groupe est "mitigée", écrivent les auteurs. En effet, elle est proche du modèle anglo-saxon avec un classement en haut du tableau pour l'intensité et une position centrale pour la complexité. En revanche, le degré de pénibilités physiques y est en revanche plus élevé qu'en Irlande ou au Royaume-Uni. La France occupe ainsi le onzième rang sur cet indicateur. C'est par ailleurs le seul pays de l'UE à quinze "où aucun changement significatif n'a été observé en dix ans", précise le CEE.