Les émergents sont prêts à aider l'Europe... mais à leurs conditions

La crise de la zone euro permet aux émergents de s'affirmer sur la scène mondiale. Mais le ralentissement des investissements directs étrangers alimentant leur croissance qu'elle provoque, est aussi une source de préoccupation.
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La tragédie grecque qui menace de plonger la zone euro dans la récession est perçue de façon très variée de par le monde. Les pays exportateurs, de la Chine au Cap-Vert en passant par l'Afrique du Sud, craignent bien sûr de perdre des débouchés, si les 27 pays européens ralentissent leur rythme de consommation, comme ils risquent de le faire si l'on en croit les révisions à la baisse des perspectives de croissance. Mais une autre analyse fait aussi son chemin : celle de la redistribution des cartes que pourrait entraîner la crise européenne. « En 1930, les pays développés avaient des colonies qui leur fournissaient des matières premières. Maintenant, les anciennes colonies ont des modèles économiques évolués, qui vont permettre d'éviter une Grande Dépression », a assuré Pranab Mukherjee, le ministre des Finances indien au Business Standard, en rentrant du G20.

Jeu intéressé

L'idée que les économies émergentes puissent aider si ce n'est la planète, du moins l'Europe, à sortir de la crise financière est aujourd'hui une évidence. Pour l'instant, le FMI lutte contre une modification de son mode de financement, envisagée pour la première fois il y a moins d'un mois par le Brésil lors d'une réunion des Bric à Washington. L'hypothèse reste théorique : l'Inde et la Russie semblent moins motivées que le Brésil et la Chine. Elle serait aussi lourde de conséquences politiques. En participant au financement du FMI, les émergents pourraient prétendre à un rôle politique accru à l'ONU. Mais le sujet semble aujourd'hui incontournable, tant les ressources groupées des Bric, soit 4.300 milliards de dollars de réserves au total, semblent attractives aux yeux de l'OCDE. Le FMI ne dispose plus aujourd'hui que de 380 milliards mobilisables immédiatement.

Pour les émergents, dont le développement repose encore largement sur les investissements directs étrangers, venir à la rescousse de l'Europe est aussi un jeu intéressé. Sur les dix dernières années, les émergents ont en effet accueilli des investissements par centaines de milliards de dollars, dans lesquels l'Europe compte en moyenne pour un tiers. La Chine a représenté la destination préférée des investissements, avec 473 milliards investis en dix ans, devant le Brésil (400 milliards), l'Inde (164 milliards) et la Russie (250 milliards). Selon une étude du FMI réalisée par Montfort Mlachila, les investissements en provenance des pays émergents vont croissant, mais ne représentent pour l'heure qu'un petit dixième du total, avec un peu plus de 100 milliards de dollars par an.

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