En Grèce, la crise économique devient politique et sociale

Georges Papandréou peut encore compter sur une fragile majorité socialiste pour adopter jeudi son nouveau plan de rigueur, rejeté par de plus en plus de Grecs. Les syndicats appellent à la grève générale.
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La crise financière et institutionnelle en Grèce est en train de se transformer en une véritable crise politique. Le parti socialiste (Pasok) au pouvoir est plus divisé que jamais. Il y a deux semaines, deux députés socialistes, des proches, adressaient une lettre ouverte au Premier ministre, Georges Papandréou. Mardi, trois ministres (Mme Diamantopoulou, ministre de l'Éducation, MM. Loverdos, ministre de la Santé, et Ragoussis, ministre de l'Intérieur, faisaient de même. Avec cette différence qu'ils mènent de profondes reformes structurelles vitales pour le pays.

Les cinq demandent une accélération des réformes, en manifestant plus de courage et de volonté politiques, même si le coût électoral s'annonce lourd. « Il n'est pas difficile d'acquiescer à la dénonciation de l'agressivité des corporations et des syndicats, mais un effort collectif de solidarité de la part de certains membres du gouvernement serait beaucoup plus convaincant, notamment s'il porte sur des politiques de justice ciblées, sur une meilleure répartition des sacrifices et une limitation des dépenses publiques, plutôt que sur une énième réduction des salaires et des retraites », s'interrogeait mardi l'éditorialiste réputé Richard Someritis dans les colonnes du quotidien de centre droit « Kathimerini ».

L'État inefficace conspué

S'il est encore temps, Richard Somaritis, réputé proche du Pasok, préconise « de s'attaquer résolument aux dépenses liées à la Défense, de mettre fin à la non imposition de l'Église orthodoxe, de réduire le train de vie de la présidence et des députés, et de rendre transparente l'utilisation des fameux crédits secrets du ministère des Affaires étrangères ». Les Grecs qui défilent dans les rues depuis des semaines ne demandent d'ailleurs pas autre chose.

Symbole qui ne trompe pas, c'est à l'État inefficace qu'ils s'en prennent désormais, en occupant depuis plusieurs jours les ministères. Ainsi, les syndicalistes de la DEI, la compagnie d'électricité en voie de privatisation, occupent depuis plusieurs jours les bureaux chargés d'imprimer les factures d'électricité sur lesquelles seront ajoutées les nouvelles taxes immobilières. « Nous ne deviendrons pas les percepteurs de l'État », tonnait mardi Georgos Fotopoulos, fer de lance du Mouvement des assemblées populaires. Tellement populaire d'ailleurs qu'il a réussi à réconcilier les Grecs avec leurs syndicats, dénoncés il y a peu pour leurs salaires et avantages exorbitants. « Mes amies qui ne descendaient jamais dans la rue viendront mercredi avec moi au premier rang, se réjouit Irini Kondariotou, professeure. Avec moins de 700 euros par mois, on n'a plus rien a perdre. »

Par ailleurs, au sein du Pasok, de nombreux députés refusent la politique d'austérité appliquée depuis dix-huit mois. Lundi soir, Thomas Robopoulos a démissionné de son poste. Son adjoint, qui le remplace, votera jeudi le nouveau plan d'austérité mais la majorité parlementaire dont dispose Georges Papandréou se réduit à 154 députés à peine sur 300. Mais le Premier ministre sait aussi que, en cas d'élections anticipées, 30 % au moins de ces députés ne retrouveront pas leur poste. Il y a donc peu de chances que le gouvernement tombe jeudi. Quant au gouvernement d'union nationale que Georges Papandréou avait appelé de ses voeux, l'option est à exclure au vu de profonds désaccords avec les conservateurs.

Au final, la situation politique reste extrêmement tendue. Mais c'est surtout hors du parlement que l'on redoute de violents affrontement. Les montagnes de poubelles qui s'amoncellent dans les rues depuis quinze jours sont autant de combustibles et de projectiles mis à la disposition des manifestants les plus radicaux. Le 5 octobre dernier, plusieurs manifestants et au moins six journalistes avaient été sérieusement blessés...

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