Le flou sur les modalités du plan de sauvetage nourrit les inquiétudes

L'extension du FESF ne remplacera pas les réformes, a martelé le président de la Buba, tandis que Moody's alerte sur les AAA de la zone euro.
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À peine conclu, le laborieux accord européen de mercredi dernier suscite déjà critiques et inquiétudes. Dans un entretien au journal allemand « Handelsblatt », Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a ainsi estimé, en référence à l'effort concédé par les créanciers de la Grèce, qu'il « serait dévastateur qu'on ait l'impression que, pour résoudre les problèmes financiers d'un État, on ne mise pas sur les efforts de celui-ci mais sur les aides d'autres pays ou sur une décote (de sa dette) ». En plaidant pour des « réformes structurelles convaincantes » dans tous les pays en difficulté, le dirigeant allemand a, sans la nommer, une fois de plus mis la pression sur l'Italie pour qu'elle s'attelle à la maîtrise de son gigantesque endettement de 1.900 milliards d'euros. Sans quoi « même les milliards qui vont être injectés dans le fonds de stabilité [le Fonds européen de stabilité financière ou FESF, Ndlr] ne suffiront pas ». Présentée comme un des acquis les plus importants du sommet, la résolution du casse-tête financier que constituait la démultiplication de la puissance de feu du FESF a finalement débouché sur deux options. La première piste est celle d'une garantie partielle (le chiffre de 20 % a plusieurs fois été avancé) des émissions de dette des pays en difficulté par le FESF. Dans le second cas, une ou plusieurs structures parallèles au FESF seraient créées, dans lesquelles le fonds européen fournirait une mise initiale qui s'ajouterait à des fonds privés et étrangers, dans le but d'intervenir sur les marchés de dette, de financer des États ou de recapitaliser des banques.

Dans ces deux cas, l'effet multiplicateur serait d'environ 4 à 5, soit un total avoisinant 1.000 milliards d'euros compte tenu des ressources restantes du FESF. Ce dernier prendrait à sa charge la première tranche de pertes en cas de défaut, les investisseurs privés et étrangers encaissant, si besoin, les pertes supplémentaires. Un schéma qui a conduit Moody's à s'inquiéter dans son rapport trimestriel de l'avenir du AAA des pays de la zone euro, qui offrent plus de 60 % des garanties permettant au FESF d'être lui-même noté AAA. L'agence estime que « ces pays font face à une exposition accrue (...) étant donné que la garantie du FESF sur la première tranche de pertes pourrait potentiellement être activée ». « La perspective d'un soutien additionnel mutualisé implique un plus grand risque pour les créditeurs des pays [AAA] qui assument en dernier ressort ce soutien », ajoute Moody's.

Au-delà des inquiétudes de l'agence, d'autant plus fâcheuses que les leaders européens espéraient justement préserver leur AAA, certains spécialistes pointent du doigt le manque criant de détails des deux options, ainsi que leurs effets potentiellement pervers. « Non seulement, nous ne considérons pas [l'option assurantielle] comme une solution crédible mais nous estimons que ce schéma est dangereux », soulignent ainsi les experts de RBS (Royal Bank of Scotland), qui citent notamment des problématiques de corrélation - l'effet de contagion d'un déclenchement d'une garantie - et de concentration des risques sur une seule structure. Alors que le FESF doit placer cette semaine 3 milliards d'euros de dette pour financer l'aide au Portugal, l'une des rares bonnes nouvelles est venue de Tokyo, qui a réaffirmé son intention d'acquérir des obligations du fonds.

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