Christine Lagarde ouverte à un plus grand rôle de Moscou au FMI

En conclusion de sa visite à Moscou lundi et mardi, la directrice du FMI a souligné la concordance des vues entre Moscou et le Fonds sur la crise globale.
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"Brics" et Russie en tête profitent de la crise frappant les économies développées pour demander un plus grand rôle dans les décisions prises par le FMI. Vladimir Poutine a déclaré lundi que la Russie souhaite aider la zone euro à travers la structure du FMI, et que "si la Russie et la Chine participent activement aux efforts pour résoudre les problèmes, cela aura un effet positif sur le statut de la Russie au sein du fonds monétaire international". Le premier ministre russe a souhaité préciser que cette aide "ne sera pas liée aux négociations énergétiques", c?est-à-dire concernant les tarifs du gaz exporté vers l?Europe.

Conciliante, Christine Lagarde a déclaré lundi "compter beaucoup sur la Russie pour continuer à jouer son rôle de pont entre l?Europe et l?Asie, entre l?ancien et le nouveau". Pour s?attirer les faveurs de Moscou et peut-être mieux délier les cordons du budget russe, Christine Lagarde a cité l?écrivain russe Anton Tchekhov pointant la terrifiante complexité de la vie et des relations humaines. Une complexité, a souligné la présidente du FMI, qui s?illustre aussi dans la crise économique globale. Cette visite à Moscou est la première effectuée par Christine Lagarde en tant que directrice du FMI et aussi la première effectuée dans un pays émergent. La candidature de Lagarde avait eu l?air de plaire au Kremlin, tandis que celle de son prédécesseur Dominique Strauss-Kahn avait au contraire suscité une forte opposition.

Sur le rôle grandissant que Moscou veut jouer au sein du FMI, Christine Lagarde est restée évasive. Réagissant au fait que les pays émergents désirent voir augmenter leurs quotas, elle a admis que "c?est un processus douloureux, étant donné que d?autres doivent céder leurs quotas".

Moscou injecte depuis 2005 des fonds dans le FMI et sa part dans le capital est de 2,5%, loin derrière l?UE (30%) et les Etats-Unis (17,7%). Le conseiller économique du Kremlin Arkadi Dvorkovitch, avait évoqué en octobre une aide russe à la zone euro montant "jusqu'à 10 milliards de dollars", avant de se rétracter lors du G20 de Cannes : "nous ne nous sommes engagés sur aucune somme".

La Russie cherche clairement à acheter une influence politique à travers le FMI, soulignent les experts russes. Pour l?économiste Rouslan Grinberg, cette aide comporte un risque politique pour le Kremlin, étant donné que l?aide russe va vers des pays où la "population vit bien mieux" que dans les pays "Brics". L?économiste et opposant Vladimir Milov estime qu?en réalité, "la Russie n?a pas 10 milliards de dollars à prêter à la zone euro : la précédente crise [de 2008] a anéanti notre fonds de réserve".

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