L'économiste Mario Monti favori pour succéder à Berlusconi

L'ancien commissaire européen Mario Monti faisait, ce jeudi, figure de favori pour succéder à Silvio Berlusconi à la tête d'un gouvernement élargi et éviter au pays une crise qui, sur fond de psychodrame grec, menacerait de contagion toute la zone euro. En Italie comme en Grèce, qui vient de nommer Lucas Papademos à la tête du pays, ce sont les techniciens qui ont le vent en poupe.
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Le temps presse car le rendement des obligations d'Etat italiennes à 10 ans a franchi mercredi le seuil de 7%, considéré comme critique, avant de redescendre. Certains analystes pensent que le mouvement massif de vente de dette italienne a atteint un point de non-retour qui menace à terme la zone euro d'éclatement.

Conscient de la gravité de la situation, le monde politique italien semble avoir compris le message de ses partenaires européens et Mario Monti pourrait être nommé président du Conseil dans le prochains jours pour tenter de rendre à l'Italie sa crédibilité sur la scène internationale.

Pour faciliter une solution, même le Peuple de la liberté (PDL), le parti du "Cavaliere", semble avoir assoupli sa position au sujet de l'organisation d'élections législatives anticipées en février, une idée qu'il défendait bec et ongles ces derniers jours.

Angelino Alfano, son secrétaire général, a déclaré que le PDL préférait toujours ce scénario mais ne prendrait aucune décision avant d'avoir rencontré le président de la République, Giorgio Napolitano.

Selon des sources politiques, Silvio Berlusconi aurait finalement admis que de telles élections ne seraient peut-être pas une bonne idée dans les circonstances actuelles.

La Chambre des députés et le Sénat doivent approuver d'ici samedi ou dimanche les mesures destinées à rétablir la stabilité financière du pays et Silvio Berlusconi devrait ensuite démissionner, comme cela a été convenu mardi dernier avec le chef de l'Etat.

Sous la pression du président de la République, qui a souligné l'urgence d'une solution, un gouvernement Monti, établi sur une base élargie, pourrait donc voir le jour dès dimanche soir ou lundi.

Mario Monti, 68 ans, ancien commissaire européen à la Concurrence aujourd'hui président de l'université Bocconi de Milan, est considéré depuis des semaines par les marchés comme le meilleur candidat susceptible de diriger un gouvernement d'unité nationale et de mettre en oeuvre d'urgence les mesures d'austérité nécessaires au redressement des comptes du pays.

LA LIGUE DU NORD MÉCONTENTE

Il a été nommé mercredi soir sénateur à vie par le président Napolitano. Les investisseurs y ont vu le signe qu'il lui demanderait de tenter de former un gouvernement dès le départ de Silvio Berlusconi.

Mais ce choix ne fait pas l'unanimité: la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, ombrageuse alliée fédéraliste de Berlusconi, a fait savoir qu'elle ne participerait pas à un gouvernement Monti.

La Lega, par la voix du ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, s'est prononcée pour des législatives anticipées, seule option réaliste selon elle.

Mario Monti, selon une version optimiste, devrait être rapidement désigné et former une nouvelle équipe gouvernementale qui devrait inclure des "techniciens" et avoir le soutien du PDL, des partis centristes et du Parti démocrate, la principale formation d'opposition, dit-on de sources politiques.

Mais dans l'instabilité actuelle rien n'est joué, soulignent des commentateurs, et le scénario préféré des marchés n'est pas assuré à 100%.

Le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté Rome à faire preuve de clarté politique dans ses efforts pour lutter contre la crise de la dette, soulignant que l'incertitude entourant le prochain chef du gouvernement alimentait la volatilité des marchés.

"Personne ne comprend exactement qui va se dégager comme leader. Ce doute favorise particulièrement la volatilité", a souligné Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, lors d'une conférence de presse à Pékin.

"La clarté politique est propice à plus de stabilité, et mon objectif, du point de vue du Fonds, est une meilleure et plus grande stabilité", a-t-elle ajouté.

Avec James Mackenzie, Alberto Sisto, Giselda Vagnoni et Catherine Hornby et à Milan Valentina Za; Nathalie Huet, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français

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