Ciao Berlusconi !

Le président du conseil italien Silvio Berlusconi a donné sa démission samedi au président Giorgio Napolitano, apprend-on par un communiqué gouvernemental. L'économiste Mario Monti, 68 ans, semble en passe de prendre la tête d'un gouvernement élargi en Italie pour rassurer les marchés et les partenaires européens de la troisième puissance économique de la zone euro.
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C'est officiel, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a remis sa démission vers 22 heures samedi au président Giorgio Napolitano sous les huées de la foule romaine venue célébrer le départ du "Cavaliere". Il a remercié ses "collègues de gouvernement" et adressé un remerciement particulier au sous-secrétaire (à la présidence du Conseil) Gianni Letta" au cours d'une réunion d'une durée de 35 minutes.

.A 68 ans, l'économiste Mario Monti semble en passe de prendre la tête d'un gouvernement élargi en Italie pour, tirant un trait sur l'ère Berlusconi, rassurer les marchés et les partenaires européens de la troisième puissance économique de la zone euro.L'ancien commissaire européen à la Concurrence a été nommé mercredi soir "sénateur à vie" par le président Giorgio Napolitano.

Officiellement, cette charge récompense ses mérites au service du pays. Mais le décret présidentiel a surtout eu pour effet de placer cet économiste de formation au centre du jeu politique et, pour beaucoup, de préparer le terrain à sa désignation au poste de président du Conseil.

Suivant le scénario qui s'est dessiné sous la pression des marchés, les sénateurs ont adopté vendredi une loi de stabilité financière. Ce samedi, c'était au tour des députés de se prononcer sur cette loi d'austérité réclamée par l'Union européenne.

Silvio Berlusconi devait ensuite présider sans doute son ultime conseil des ministres avant de remettre sa démission au président Napolitano. Les choses pourraient alors aller très vite, et la composition du gouvernement Monti, formé de technocates, être annoncée dès dimanche soir, avant l'ouverture des marchés.

Mais ce choix ne fait pas l'unanimité: la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, alliée fédéraliste de Berlusconi, a fait savoir qu'elle ne participerait pas à un gouvernement Monti. Le Peuple de la liberté (PDL), le parti créé par Berlusconi, n'a quant à lui pas adopté une position commune et se divise entre soutien et volonté d'aller à des élections anticipées.

Il Giornale, quotidien farouchement pro-Berlusconi, semble sonner la charge samedi contre Mario Monti en mettant en exergue ses émoluments au titre de sénateur à vie: "SuperMario rejoint la caste; 25.000 euros par mois."

DÉTENTE SUR LES MARCHÉS

Le profil de Mario Monti, qui n'est affilié à aucun parti politique, est de nature à rassurer les partenaires européens de l'Italie, qui redoutent une contagion de la crise de la dette grecque.

Il est également considéré depuis des semaines par les marchés comme le meilleur candidat susceptible de diriger un gouvernement d'unité nationale et de mettre en oeuvre d'urgence les mesures d'austérité nécessaires au redressement des comptes du pays.

Mercredi, le taux des obligations d'Etat italiennes à 10 ans avait franchi le seuil de 7%, considéré comme critique, avant de redescendre à mesure que prenait corps l'hypothèse de l'arrivée de Monti au tout premier plan.

L'actuel président de l'université Bocconi de Milan et président honoraire du cercle Bruegel, un club de réflexion économique européen qu'il a mis sur pied en 2005, a critiqué au cours des derniers mois, au fil de nombreux articles publiés par le Corriere della Sera, les orientations choisies par Berlusconi et proposé des réformes en profondeur de l'économie italienne.

En dix ans passés à la Commission européenne, chargé du Marché intérieur puis de la Concurrence, Mario Monti s'est forgé une crédibilité et une solide réputation en s'opposant à des géants américains comme Microsoft ou General Electrics ou en dénonçant les pratiques de certains Etats membres, comme les aides publiques apportées par la France à EDF ou Alstom.

Après deux mandats, il avait dû quitter à contrecoeur la commission de Bruxelles en 2004, retournant à sa vie d'universitaire. Par une certaine ironie de l'Histoire, son départ avait été provoqué par Silvio Berlusconi, qu'il semble aujourd'hui sur le point de remplacer au Palais Chigi.

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