Au Portugal le malaise social s'amplifie

Par Marie-Line Darcy, à Lisbonne  |   |  358  mots
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Les transports publics étaient en grève mercredi pour protester contre le plan d'austérité annoncé par Lisbonne.

Les syndicats du secteur des transports publics portugais sont satisfaits : leur première journée d'action est un succès. Cette forte mobilisation est la conséquence de l'inquiétude qui règne dans le secteur après l'annonce par le gouvernement d'un Plan de restructuration des transports (PET) : fusions, cessations et licenciements sont au programme de ce plan prévu jusqu'en 2015.

La coordination des grèves partielles a entraîné des perturbations du trafic sans empêcher l'activité économique. Il a fallu pourtant s'armer de patience, notamment dans la capitale portugaise où le métro a entamé le mouvement de paralysie, suivi par les bus. Le trafic ferroviaire, sur les grandes lignes mais aussi sur le réseau local, a été bloqué à deux reprises et les ferries sont restés à quai plusieurs heures.

En pleine grève, mardi, le ministre de l'Économie, Alvaro Santos Pereira, a présenté le PET comme « la planche de salut » du secteur des transports dont la dette cumulée atteint 17 milliards d'euros et représente 10 % du PIB.

Pour les médias portugais, le mardi noir des transports a servi de « tour de chauffe » à la grève générale unitaire prévue le 24 novembre. D'ici là, les perturbations dans ce secteur vont se poursuivre avec l'entrée dans la danse de la fonction publique le 12 novembre. Les « Indignés » et les étudiants devraient aussi manifester.

La contestation s'amplifie alors que le parlement s'apprête à examiner le projet de loi de finances pour 2012. Un budget considéré par le Premier ministre lui-même, Pedro Passos Coelho, comme « le plus difficile de tous les temps ». Ce dernier redoute les conséquences de l'agitation sociale au moment où la « troïka » vient d'envoyer à Lisbonne sa deuxième mission d'analyse. En jeu : un nouveau chèque de 8 milliards d'euros. Le Premier ministre va peut être négocier « des conditions plus souples avec le FMI et l'Europe en contrepartie des 78 milliards d'euros d'aide ». Lisbonne met en avant les efforts fournis alors que l'on prévoit une contraction de l'économie de 2,5 % en 2012. Mais les grèves et les manifestations pourraient contrarier les prétentions du gouvernement.