Le gouvernement britannique donne carte blanche au secteur privé

Par Tristan de Bourbon, à Londres  |   |  523  mots
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Le directeur exécutif de la Confédération de l'industrie britannique, le Medef local, a réclamé moins de taxes, plus d'aides à l'investissement, plus de latitude d'action. Autant de réclamations acceptées par le Premier ministre, David Cameron.

Les entreprises britanniques vont bien, merci pour elles, et elles veulent maintenant se substituer à l?Etat pour relancer l?économie ! Dans une ambiance plutôt optimiste, le message de John Cridland, directeur exécutif de la Confédération de l?industrie britannique (CBI), équivalent britannique du Medef, pouvait difficilement être plus apprécié par ses collègues. Se basant sur son sondage annuel, il a en effet assuré que "si 79% des entrepreneurs sont moins confiants qu?en août, leurs perspectives d?avenir personnelles ne se sont dégradées que pour 30% d?entre eux car ils perçoivent avant tout le risque actuel comme politique. Dès que la crise politique de la zone euro sera réglée, une croissance lente mais sure reprendra dans le pays car le secteur privé est prêt".

Ian McCafferty, son conseiller économique en chef, a clairement indiqué au gouvernement que les patrons attendaient de sa part qu?il "encourage les investissements, réduise les taxes salariales et patronales et éclaircisse la réglementation des affaires". En effet, rappellent les deux hommes, à l?heure où l?Etat ne cesse d?emprunter, les entreprises ont de leur côté fortement réduit leur endettement et elles disposent d?environ "6% du produit intérieur brut pour investir ". "Au lieu de se détourner de sa route, le gouvernement doit poursuivre et même accélérer son plan d?action, a insisté le patron des patrons : pas de hausse mais une redirection des dépenses publiques, et une plus grande marge de man?uvre accordée au secteur privé."

John Cridland visait avant tout les investissements en infrastructure. "En échange de la mise en place de péages, nous pouvons nous charger de la construction d?autoroutes. Cela bénéficiera directement aux échanges intérieurs." Un rapport publié lundi par la RAC Foundation, centre de recherche autrefois lié au Royal Automobile Club, a confirmé les importants manques du pays en la matière. Les dix principaux projets aujourd?hui suspendus engendreraient d?importants revenus. Soit plus de 6 livres sterling pour chaque livre investie, ce qui explique l?empressement des opérateurs privés à prendre la place de l?Etat.

Lors de son intervention à la conférence, le Premier ministre David Cameron a été très chaleureusement applaudi. Pour cause : non content de remplir toutes les demandes du directeur de la Confédération de l?industrie britannique, il a dévoilé 400 millions de livres de subventions aux entreprises du bâtiment pour faciliter la construction de 16.000 logements ainsi que la garantie de l?Etat pour permettre à 100.000 Britanniques emprunter jusqu?à 95% du prix de leur première acquisition immobilière. Un choix étonnant à long terme sachant que, selon l?association Shelter, 9.000 personnes ont été expulsées de leur domicile au cours du second trimestre en raison de leur incapacité à rembourser leur crédit immobilier. Un choix compréhensible à court terme : en plus de stimuler le marché, il permettra de privatiser des milliers de logements sociaux. La privatisation tous azimuts des actifs de l?Etat est définitivement lancée. Sous le regard réjoui de John Cridland.