Le lobbying de Total pour un régime fiscal de faveur en Russie

Par Emmanuel Grynszpan, à Moscou  |   |  351  mots
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Moscou envisage d'annuler toutes les taxes sur les exploitations "offshore". Le gouvernement veut encourager un démarrage plus rapide des projets très coûteux en zone Arctique, comme Chtokman. Un projet que Total a justement menacé de retarder, mardi, s'il n'obtenait pas des allègements fiscaux.

En ces temps de disette budgétaire généralisée, le gouvernement russe fait miroiter une concession fiscale majeure aux grands groupes pétroliers, domestiques comme étrangers.

Le ministère de l'Energie russe soumettra le 8 décembre à une commission interministérielle un plan destiné à stimuler le développement de projets pétrole et gaz en zone offshore.

Ces propositions concernent tous les projets d'exploitation en zone Arctique et en mer Caspienne, et quel que soit le type d'hydrocarbure (pétrole brut, condensé ou GNL). Il s'agit d'exempter totalement les investisseurs de la taxe sur l'extraction de "minéraux utiles" (NDPI en russe), de la taxe sur les exportations d'hydrocarbure, qui approche les 400 dollars la tonne de pétrole brut, et enfin de la TVA sur les équipements importés.

Le ministère de l'énergie propose une entrée en vigueur du nouveau régime fiscal dès le mois de décembre, indique le quotidien d'affaires Vedomosti.

Ce projet va au devant des demandes répétées de Total, de Statoil et de Gazprom, tous trois partenaires sur le gigantesque projet gazier de Chtokman, situé dans la Mer de Barents.

Hier, Total a répété sa menace de reculer la décision d'investissement dans Chtokman, prévue jusque là pour la fin 2011, tant que le gouvernement russe n'offrira pas d'avantages fiscaux.

Lors de sa rencontre vendredi dernier avec Vladimir Poutine à Moscou, François Fillon a appuyé la demande de Total.

Interrogé hier par téléphone, le porte-parole de Chtokman AG, Sergueï Vykhoukholev, a confirmé que les propositions du ministère de l'Energie correspondaient bien aux attentes des investisseurs, mais n'a pas souhaité commenter son influence sur le calendrier du projet Chtokman.

Une prudence qui s'explique par le fait que la proposition pourrait faire face à l'hostilité du ministère des finances, peu enclin à voir l'assiette fiscale drastiquement réduite.

Alexei Kokin, analyste chez UralSib, est encore moins confiant : "la probabilité que la mesure soit prise rapidement est faible. Une nouvelle approche fiscale a peu de chances d'être entérinée avant la deuxième moitié de 2012".