Cameron ne voit pas l'utilité de changer les traités européens

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  505  mots
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Trois jours avant de recevoir Angela Merkel pour en fixer les modalités, Nicolas Sarkozy a discuté ce vendredi avec le Premier ministre britannique, David Cameron, du projet franco-allemand de modification des traités européens pour renforcer la discipline budgétaire de la zone euro, qui inquiète Londres.

Rien n'a filtré des entretiens qui se sont déroulés autour d'un déjeuner à l'Elysée mais le Premier ministre britannique a déclaré à une télévision avant de quitter Paris que, si changement des traités européens il devait y avoir, il s'assurerait que les intérêts de son pays n'en souffrent pas.

Face à la crise des dettes souveraines qui ébranle la zone euro, la France s'est ralliée non sans mal à la position allemande d'une nécessaire modification des traités européens pour instaurer une plus grande discipline budgétaire en son sein. Cette position a été réaffirmée par Nicolas Sarkozy jeudi soir à Toulon, le chef de l'Etat annonçant dans le même temps qu'Angela Merkel serait lundi à Paris pour discuter de propositions communes qui seront présentées lors du Conseil européen du 9 décembre à Bruxelles.

La perspective n'enthousiasme pas David Cameron au moment où il doit faire face à la pression des eurosceptiques du Parti conservateur britannique, qui ont relancé leur campagne pour un référendum sur l'appartenance de Londres à l'Union européenne.

S'exprimant gare du Nord avant de reprendre l'Eurostar, il a déclaré que la zone euro avait besoin de deux choses, que ses institutions apparaissent clairement en soutien de l'euro pour rassurer les marchés et que ses économies soient plus compétitives. "Aucune de ces choses ne nécessite un changement de traité. Mais s'il y a un changement de traité, je m'assurerai que les intérêts de la Grande-Bretagne soient protégés et même encore plus favorisés", a-t-il insisté.

Depuis l'aggravation de la crise, en octobre, Londres a exprimé à plusieurs reprises sa frustration devant les initiatives franco-allemandes pour y mettre fin, estimant que les pays non membres de l'euro étaient mis devant le fait accompli pour des accords qui engagent l'ensemble de l'UE. Une évolution des traités pour des raisons internes à la zone euro nécessiterait de fait l'accord des parlements des vingt-sept pays de l'Union, un exercice qui serait difficile pour David Cameron, dont la majorité est écartelée entre une aile droite eurosceptique et des alliés libéraux-démocrates pro-européens.

Pour tenter d'amadouer les premiers, il a déjà indiqué qu'il pourrait réclamer en échange d'un traité établissant une zone euro plus intégrée le rapatriement en Grande-Bretagne de certaines prérogatives dévolues à Bruxelles, notamment en matière sociale.

Outre la crise de la zone euro, ses discussions avec Nicolas Sarkozy ont porté sur la situation en Syrie et la crise sur le nucléaire iranien. Les deux pays sont d'accord sur la nécessité d'exercer des "pressions massives" sur Damas, a indiqué David Cameron. S'agissant de l'Iran, il dit avoir remercié Nicolas Sarkozy de l'aide apportée par la France au personnel de l'ambassade britannique à Téhéran, attaquée cette semaine par des manifestants, et avoir évoqué avec le président français les nouvelles sanctions internationales prises contre la République islamique.