La conférence de Durban entre dans sa semaine décisive

Par latribune.fr  |   |  608  mots
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Les États-Unis et l'Inde risquent de compromettre un accord sur la prolongation du protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de CO2. La Chine se montre plus conciliante.

La conférence de Durban sur le climat entre sans sa phase décisive. Cette semaine, plus de 130 ministres et quelques chefs d'État auront cinq jours pour tenter de faire avancer les négociations. L'Europe veut maintenir en vie le protocole de Kyoto qui se termine en 2 012. « Mais, si nous sommes seuls à nous engager sur une deuxième période du protocole de Kyoto qui fixe des objectifs contraignants en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre, ça n'a aucun sens », lance Serge Lepeltier, ambassadeur français en charge des négociations sur le changement climatique. L'Union européenne ne représente que 11 % du total des émissions globales de CO2. Alors, précise le diplomate, « il faut que nous arrivions à convaincre les pays les plus pollueurs, les pays émergents notamment ».

Mais la Chine, l'Inde ou les États-Unis sont-ils prêts à suivre ? « On sent depuis des semaines que la Chine pourrait bien changer d'avis et s'engager », espère Serge Lepeltier. Mais la rigidité des États-Unis ou de l'Inde reste très forte, notent les observateurs. Le ralliement de la Chine pourrait cependant bien changer la donne. Si le premier émetteur mondial, devant les États-Unis, accepte de prolonger le protocole de Kyoto, beaucoup rêvent de voir un accord se dessiner. Pour l'instant, le Canada, la Russie et le Japon ont assuré qu'ils ne s'engageraient pas si Pékin et Washington ne le font pas. Peu de certitudes, donc et beaucoup d'inquiétudes. « Tout est possible pour le moment, mais nous devons faire très attention à ne pas avoir un accord sans avancée majeure », prévient le négociateur français.

Alors, l'Europe veut tenter le tout pour le tout et exige une feuille de route. Celle-ci doit établir les principes et un calendrier vers un nouveau traité qui, vers 2020, fixerait des objectifs contraignants à tous les pays. Mais là aussi, l'Inde a réagi vivement. « Notre objectif dans ces négociations ne doit pas être de lancer un nouveau processus pour un nouveau traité », a assuré le chef de la délégation indienne, Jayant Mauskar. Et la responsable des Nations unies sur le climat, Christiana Figueres, a confié : « Oui, le processus est lent, ce qui frustre beaucoup de gens. »

De la semaine à venir, on attend beaucoup aussi quant à la mise en oeuvre du fonds vert. Celui-ci doit permettre de débloquer d'ici à 2020, 100 milliards de dollars par an pour lutter contre le changement climatique et venir en aide aux pays les plus vulnérables. Mais là aussi, les États-Unis et l'Arabie Saoudite ont soulevé des objections sur les moyens de rendre ce fonds opérationnel. À l'arrivée, ce ne sera que l'année prochaine, notamment pendant les négociations du G20, que les leaders mondiaux discuteront précisément de son financement. En attendant, dans le cadre de financements rapides de 2010 à 2012, la France contribue à sa mise en place à hauteur de 425 millions d'euros par an.

Prix fort pour l'Afrique

Pour autant, les représentants des pays les plus touchés par les impacts du changement climatiques veulent encore y croire. « Nous devons rester extrêmement soudés dans le groupe africain », confie Tosi Mpanu Mpanu, le négociateur en chef des pays africains. « Nous subissons déjà les conséquences du réchauffement climatique et nous allons continuer à payer le prix fort. Alors, j'aimerais dire à tous les pays développés, ceux qui nous ont montré la voie du développement, de la démocratie et des droits de l'homme, qu'il faut maintenant qu'ils nous montrent aussi qu'ils peuvent se comporter de manière responsable sur la question climatique », a plaidé le négociateur congolais.