Les menaces d'Ankara contre Paris difficilement applicables

La Turquie brandit la menace de mesures de rétorsion économiques contre les entreprises françaises, si le Parlement français adopte la proposition de loi visant à pénaliser la négation de génocides.
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Entre Paris et Ankara, le torchon brûle. Si les parlementaires français votent, ce jeudi, en faveur de la proposition de loi qui vise à punir d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la négation de génocides reconnus par l'État français, la Turquie sévira. L'objet du litige est une fois de plus le génocide arménien. Reconnu par la France depuis 2001, la Turquie le nie avec vigueur. Ankara reconnaît pourtant la mort de quelque 500.000 personnes entre 1915 et 1917 (date du génocide arménien) mais attribue celle-ci aux effets de la première guerre mondiale. La proposition de loi révolte le président turc Abdullah Gül. Une telle loi dénierait le « droit de rejeter des accusations infondées et injustes contre notre pays et notre nation », a-t-il tempêté. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, avait averti de « graves conséquences » sur les relations franco-turques, dans une lettre adressée mardi à Nicolas Sarkozy.

« Dimension émotionnelle »

Si le sujet attise les tensions entre les deux pays depuis plusieurs années sur le terrain diplomatique, côté économique, France et Turquie semblaient pourtant s'entendre à merveille. Les deux États s'étaient fixé l'objectif de porter leurs échanges bilatéraux de 10 milliards d'euros en 2009 à 15 milliards en 2012. La Turquie est le troisième client de la France, en dehors de l'Union européenne, après les États-Unis et la Chine. Et le fabricant automobile français Renault, qui a choisi de produire sa première berline électrique en Turquie, y est le plus gros exportateur. Pour Selcuk Onder, président de la chambre de commerce franco-turque en France, il ne faut pas négliger la « dimension émotionnelle de la question et l'orgueil du peuple turc ». Il affirme par ailleurs que certaines entreprises turques auraient déjà gelé leurs investissements en France et craint une situation « très sérieuse ».

Si la Turquie, membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mettait en application ses menaces économiques - comme par exemple un boycott des produits français -, elle s'exposerait aux sanctions prévues pour prohibition des importations et discrimination en fonction de l'origine des marchandises, explique-t-on à l'OMC. Mais pour obtenir ces sanctions, la France, qui n'est pas membre de l'organisation genevoise en son nom propre, devrait chercher le soutien de l'Union européenne (UE) qui la représente au sein de l'organisation internationale. Du côté des instances européennes, on préfère se garder de tout commentaire, espérant qu'une solution bilatérale puisse être trouvée. Des sanctions économiques turques seraient tout aussi illégales du point de vue de l'accord bilatéral d'union douanière signé entre la Turquie et l'UE. Et dans la pratique, Emer Traynor, porte parole de l'union douanière, en souligne l'inapplicabilité. « Lors de leur passage à la douane, les marchandises en provenance de l'Union européenne ne sont pas identifiées par leur pays d'origine. Les autorités turques ne pourront les appliquer qu'à des produits dont la provenance ne fait aucun doute, comme le roquefort ou le vin de Bordeaux. »

Commentaire 1
à écrit le 24/12/2011 à 8:37
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L'OMC la machine anti chômage devenue la machine du chômage car faire rentrer un pays qui fait du dumping social ou autre ce n'est pas la peine de faire de grande messe internationale. Notre "cher français M. Lamy le boss de l'OMC vit dans un monde d...

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