Grande-Bretagne : l'allocation plafonne à 345 euros par mois... pour tout le monde

Par Tristan de Bourbon, à Londres  |   |  418  mots
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Le chômage britannique progressera au cours des deux prochaines années. Il est en théorie à 8,3 %, mais à 15,2 % en pratique

Le Premier ministre, David Cameron, a des raisons de se dire inquiet de la tournure prise par le marché de l'emploi. Le chômage britannique progresse de mois en mois. D'après les dernières statistiques en date, 8,3 % de la population active, soit 2,63 millions de personnes, était sans emploi à la fin octobre. Cette hausse de 0,4 % par rapport à la fin juillet ne devrait d'ailleurs pas s'arrêter au regard de la confiance des entrepreneurs : selon le baromètre de la Lloyds, 53 % d'entre eux se disent pessimistes sur les perspectives du pays. Le centre de recherche Institut du personnel et du développement estime ainsi que le nombre de sans-emploi passera à 2,85 millions en 2012 et poursuivra sa hausse en 2013.

L'explosion du chômage s'explique avant tout par la destruction de postes dans le secteur public, depuis l'arrivée au pouvoir des tories. En juin 2010, 6,32 millions de Britanniques travaillaient pour l'État ; en septembre 2011, ils étaient 305.000 de moins. Dans le même temps, le secteur privé, censé prendre la relève, n'emploie que 267.000 personnes supplémentaires.

L'emploi des jeunes est devenu l'une des préoccupations des conservateurs, traditionnellement très loquaces sur le manque d'aspiration des jeunes Britanniques. En octobre, 22 % des 16-24 ans étaient à la recherche d'un emploi, soit 1,02 million.

Tous ces chiffres ne reflètent pourtant pas la réalité : ils n'intègrent pas les 2,29 millions d'inactifs qui disent vouloir un emploi et qui, s'ils étaient comptabilisés, porteraient le taux de chômage à 15,2 %. Cette catégorie rassemble notamment les Britanniques qui ne demandent pas d'allocation chômage et ceux dont l'emploi s'est arrêté depuis moins de quatre semaines et ne perçoivent donc pas encore d'allocations. Cette période de carence pourrait être révisée, pour éviter que les chômeurs bénéficiant d'allocation ne craignent pas de reprendre un emploi. "Je préfère ne pas améliorer mes conditions de vie quotidienne pour ne pas perdre mon allocation chômaage", témoigne l'un d'entre eux, qui préfère rester anonyme. Avec un travail, il empocherait autour de 900 euros par mois, soit une centaine d'euros de plus qu'avec toutes ses prestations sociales.

Contrairement à la plupart des pays, les allocations chômage sont forfaitaires au Royaume-Uni. Soit 345 euros par mois pour les traders comme pour les ouvriers. Une somme modeste, mais "si mon nouvel emploi s'arrête de manière impromptue, je ne touche pas de revenu avant la reprise de mes droits, soit en moyenne six semaines". Une éternité pour des foyers souvent surendettés.