Espagne : le chômage frapperait plus d'un Espagnol sur cinq

Par Gaëlle Lucas  |   |  488  mots
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Les dernières mesures d'austérité prises par le gouvernement de Mariano Rajoy pourraient freiner le retour de la croissance. Et donc de l'emploi.

Il y a un an, le gouvernement espagnol espérait une amélioration de la situation de l'emploi. Finalement, 322.000 personnes sont venues grossir les rangs des chômeurs. Au 31 décembre, leur nombre s'élevait à 4,4 millions, a indiqué mardi le ministère du Travail.

Ces chiffres sont toujours inférieurs à ceux de l'Institut national des statistiques qui évoquaient, eux, 5 millions de chômeurs au troisième trimestre, soit 21,5 % de taux de chômage. La dégradation de la situation économique depuis l'été explique la hausse du taux de chômage, d'après Engracia Hidalgo, la secrétaire d'État à l'Emploi du nouveau gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Laquelle a critiqué l'incapacité à "dynamiser et flexibiliser le marché du travail" du précédent gouvernement, socialiste, depuis 2010.

Le gouvernement de Rajoy promet une nouvelle réforme dès le premier trimestre 2012, « si possible, avec l'accord des partenaires sociaux », a rappelé Hidalgo. En décembre, le Premier ministre a donné jusqu'à la semaine prochaine aux syndicats et au patronat pour trouver des points d'accords. Le syndicat Union General de Trabajadores s'est dit prêt à faire des concessions.

Toutefois, les analystes estiment que la réforme du cadre légal n'aura qu'un impact limité sur le taux de chômage en 2012, qui pourrait grimper à 23,6 % selon l'Institut d'études économiques (IEE). Outre la mise en place d'un nouveau modèle économique moins dépendant de la construction, il est nécessaire, par ailleurs, de trouver une sortie à la crise, qui conditionne toute reprise de l'emploi.

" Faciliter le financement du pays"

Dans ce contexte, les mesures d'austérité pour 8,9 milliards d'euros et de hausse des impôts, annoncées la semaine dernière par le gouvernement, semblent plutôt contre-productives. C'est l'analyse de Goldman Sachs qui loue les mesures prises par Rajoy mais reconnaît qu'elles pèseront sur la croissance, et prévoit, de fait, une baisse du PIB de 1,5 % en 2012.

Mariano Rajoy semble pourtant déterminé à maintenir cette politique : "Ces mesures répondent à la nécessité d'affronter le principal problème de l'Espagne qui est le chômage et qui ne peut être vaincu que si nous facilitons le financement de l'économie du pays, ce que le déficit rend impossible", expliquait le gouvernement vendredi dernier. Réduire le déficit, de 8 % en 2011 contre les 6 % prévus, permettrait d'améliorer les conditions de financement, de réactiver le crédit, nécessaire pour alimenter l'économie, et donc le marché de l'emploi.

Au-delà de l'emploi, cette politique semble aujourd'hui indispensable, notamment dans les régions : Valence a démenti mercredi une information parue dans "El País" selon laquelle le Trésor public se serait porté garant d'une dette de 123 millions d'euros que la région peinait à rembourser à la Deutsche Bank. Valence doit justement approuver jeudi un plan d'austérité. Il passera notamment par la suppression de 40 entreprises publiques. Au risque de venir alimenter, encore, les rangs des chômeurs...