Le ton monte entre la Grèce et ses créanciers privés

Par latribune.fr  |   |  579  mots
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Faute d'un accord, le pays pourrait ne pas honorer une échéance de 14,5 milliards d'euros, le 20 mars.

Les négociations entre la Grèce et ses créanciers privés n'en finissent pas. Ce vendredi aura lieu une nouvelle rencontre "importante" entre Charles Dallara, directeur général de l'Institut de la finance internationale (Ifi) - qui regroupe 450 banques, assureurs et fonds d'investissement - et le Premier ministre grec, Lucas Papademos, accompagné de son ministre des Finances, Evangélos Vénizélos. Les trois hommes se sont déjà entretenus durant deux heures jeudi, au sujet du plan de sauvetage de la Grèce.

Dans le cadre de ce plan, conclu par Bruxelles le 27 octobre, les créanciers privés avaient accepté de renoncer à 50% de leur créance de 206 milliards d'euros sur l'Etat grec. Le solde de 103 milliards d'euros devant être échangé contre de nouvelles obligations souveraines grecques. C'est là que le bât blesse. En fonction du taux d'intérêt et de la maturité retenus pour ces nouvelles obligations, les créanciers privés pourraient perdre au total, non pas 50%, mais jusqu'à 80% de leur créance sur l'Etat grec, selon certains analystes. Or, la Grèce se montre de plus en plus exigeante car son économie continue de se dégrader, à vitesse grand V. Le déficit budgétaire a augmenté de 0,8% en 2011, à 21,64 milliards d'euros, selon les données publiées jeudi par le ministère des Finances. Vendredi dernier, Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), avait déclaré que la récession dans laquelle la Grèce s'enfonçait justifiait que les créanciers privés fassent davantage de concessions.

Mais ces derniers ne l'entendent pas de cette oreille. Le 3 novembre, quelques jours après l'accord de Bruxelles sur le sauvetage de la Grèce, Baudouin Prot, président de BNP Paribas, s'était fendu d'un avertissement : "c'est la dernière fois que nous participons à un exercice volontaire vis-à-vis de la Grèce. Le temps du volontarisme est terminé." Il faut dire qu'entre la crise boursière et les nouvelles contraintes réglementaires liées à leurs fonds propres, les banques européennes ne sont pas au mieux de leur forme. Autres créanciers réticents : les fonds spéculatifs, qui ont acheté de la dette souveraine grecque à bas prix, dans l'espoir de toucher l'assurance ("credit default swap") qui se déclencherait en cas de défaut de paiement du pays. Ces "hedge funds" ont donc tout intérêt à ce que la Grèce se retrouve à court d'argent.

Versement sous conditions

Une situation qui risque de se produire le 20 mars, lorsque le pays devra rembourser 14,5 milliards d'euros. Une échéance que la Grèce sera incapable d'honorer si le FMI, la Banque centrale européenne et l'Union européenne ne lui versent pas les 130 milliards prévus dans le cadre du plan de sauvetage du 27 octobre. Or, ce versement est conditionné à un accord entre la Grèce et ses créanciers privés. "Le temps commence à être compté", reconnaît l'Ifi, mais "des questions clés ne sont toujours pas résolues." Faute d'accord, "la Grèce pourrait avoir besoin d'un soutien additionnel de la part de (ses) partenaires (européens)", a prévenu jeudi le vice-ministre grec des Finances, Filippos Sachinidis.

Autre possibilité, le pays pourrait obliger les créanciers réticents à accepter l'accord, via des clauses d'actions collectives rétroactives sur l'ensemble des obligations en circulation. Mais ce passage en force finirait de décrédibiliser la zone euro auprès des marchés financiers.