L'Allemagne s'interroge sur une relance européenne

Par Romaric Godin  |   |  361  mots
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Le FMI a critiqué à mots couverts la politique économique européenne de l'Allemagne fondée sur la seule consolidation budgétaire.

Plus que jamais, l'Allemagne doit s'interroger sur sa stratégie de rigueur budgétaire pour la zone euro et pour elle-même. Le FMI ce mardi a sermonné Berlin. En marge de ses prévisions macroéconomiques, l'institution de Washington a invité « les pays qui disposent de taux d'intérêt très faibles ou de marges de manoeuvre fiscales, et qui sont membres de la zone euro, à repenser le rythme de leur consolidation budgétaire ». L'allusion à l'Allemagne est évidente : la République fédérale paie un taux d'intérêt historiquement faible et a affiché un déficit de ses finances publiques de 1 % du PIB en 2011. Autrement dit, elle aurait les moyens de relancer son économie, attendue par le FMI cette année en très faible croissance à 0,3 % seulement. Les experts du Fonds ont également remis en cause la stratégie européenne de l'Allemagne, consistant à exiger des pays pris dans la tourmente de la crise de la dette, des plans de rigueur sévères. « Les exagérations concernant les adaptations budgétaires à long terme, qui visent à compenser les baisses cycliques de recettes, vont gêner l'activité économique, réduire l'acceptation par les peuples de ces adaptations et miner la croissance des marchés. » Autrement dit, l'actuelle politique de rigueur à tout prix pourrait être fortement contre-productive.

Du reste, les pays soumis à cette politique, comme l'Italie ou l'Espagne, vont connaître une contraction sévère de leur économie l'an prochain, de 2,2 % et 1,7 % respectivement. Une contraction qui pourrait se poursuivre en 2013 à un rythme plus modéré (avec ? 0,6 % et ? 0,3 %). À Berlin, on commence à prendre conscience que « l'assainissement budgétaire ne représente qu'une partie de la tâche » des pays européens, comme l'écrit dans « La Tribune » (lire page 15) le ministre fédéral des Affaires étrangères, le libéral Guido Westerwelle. Angela Merkel elle-même a, dans un entretien avec la « Süddeutsche Zeitung », reconnu qu'il fallait relancer la croissance européenne.

Mais elle n'évoque pas de plans keynésiens classiques, elle réclame plutôt des réformes structurelles du marché du travail. Des réformes dont les effets à court terme risquent d'être assez faibles.