Le nucléaire iranien fait flamber le prix du pétrole

Par Robert Jules  |   |  557  mots
Lundi, une délégation de l'Agence internationale de l'énergie atomique ( AIEA ) est arrivée à Téhéran pour tenter de trouver une solution diplomatique à cette crise nucléaire iranienne. Copyright Reuters
Le baril de brent a franchi son plus haut niveau depuis neuf mois, les risques d'une attaque israélienne alimente les tensions créées par l'arrêt des exportations de brut iranien vers l'Europe.

Le bras de fer entre l'Iran et la communauté internationale s'intensifie cette semaine, avec pour première conséquence l'envoi du prix du baril de brut à son plus haut niveau depuis neuf mois. Ainsi, celui du brent de la Mer du Nord a dépassé lundi le seuil des 121 dollars, un prix que l'on n'avait plus vu depuis mai 2011.

Impact sur l'Europe

La décision de l'Iran d'interrompre ses livraisons de brut à la Grande-Bretagne et à la France en réponse à la volonté de ces pays de durcir les sanctions n'a pas d'effet majeur. La France, qui a déjà indiqué avoir cessé les achats de brut iranien, ne devrait pas être affecté par cette décision car elle n'importe que 58.000 b/j , soit environ 3% de ses besoins. En Europe, les principaux importateurs, sont selon les données de l'Agence Internationale de l'énergie (AIE), l'Italie (13% de sa consommation de brut), l'Espagne (12% de sa consommation), et la Grèce (30% de sa consommation). Même si ces trois pays, qui concentrent à eux seuls 75% des ventes iraniennes à l'Union européenne (UE), étaient à leur tour touchés par la décision de l'Iran menace d'autres clients du Vieux continent, elle serait à relativiser. L'Agence internationale d'énergie (AIE) pourrait en effet décider de puiser dans des réserves stratégiques qui représentent au moins 90 jours de consommation.Et l'Iran, qui a vendu en 2011 quelque 500.000 b/j à l'UE, pourrait être la première victime de ses propres décisions, l'UE représentant près de 20% de ses exportations de brut. A moins que Téhéran trouve de nouveaux débouchés, en particulier en Asie qui concentre ses principaux clients : Chine (20%), Japon (17%), Inde (16%) et Corée du Sud (9%).

Risque géopolitique

Au-delà du commerce du brut, c'est le risque géopolitique qui alimente le renchérissement des cours. La république des Mollahs se trouve en effet sous la menace de frappes militaires israéliennes, l'Etat hébreu voulant détruire les installations soupçonnées d'abriter la bombe nucléaire avec laquelle Téhéran menace de destruction Israël, du moins dans sa rhétorique.
Lundi, de "grandes manoeuvres pour renforcer la défense anti-aérienne" de ses sites "sensibles et en particulier nucléaires" ont été effectuées selon l'agence officielle iranienne IRNA.
Dans le même temps, les Etats-Unis et les Européens sont intervenus diplomatiquement auprès d'Israël pour éviter de telles frappes, la région du Golfe persique concentrant à la fois une des plus importante production du globe et le premier trafic de tankers de la planète.

Reprise du dialogue

Lundi, une délégation de l'Agence internationale de l'énergie atomique ( AIEA ) est arrivée à Téhéran pour tenter de trouver une solution diplomatique à cette crise nucléaire iranienne.
Israël, les Etat-Unis et diverses puissances occidentales accusent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programme civil, ce que Téhéran dément. Signe des difficultés du régime des Mollahs, après quatre mois d'hésitation, Téhéran a donné la semaine dernière son feu vert à une reprise du dialogue avec le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), qui se trouvaient au point mort depuis un an, insistant sur sa volonté de relancer les négociations "rapidement".