Chine : coup de frein à l'inflation, à la production industrielle et aux ventes de détail

La deuxième économie mondiale confirme son ralentissement. Les trois indicateurs tombés aujourd'hui sont tous à la baisse. Tout d'abord, l'inflation s'est élevée à 3,2% en février sur un an, soit son plus bas niveau en 20 mois. La production industrielle et les ventes de détails enregistrent également une baisse.
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La hausse des prix à la consommation en Chine s'est élevée en février à 3,2% sur un an, son plus bas niveau en 20 mois, a rapporté vendredi le Bureau national des Statistiques (BNS), alors que la croissance et la pression inflationniste diminuent dans la deuxième économie mondiale. 

Le chiffre est inférieur aux prévisions des analystes, qui s'attendaient en moyenne à une hausse des prix de 3,4%. Par rapport au mois de janvier, les prix ont reculé de 0,1%. 

La hausse des prix alimentaires, qui frappe disproportionnellement les ménages les plus modestes, s'est élevée à 6,2% sur un an. 

Après avoir réussi à contenir l'inflation qui avait culminé à 6,5% en juillet dernier, le gouvernement chinois a graduellement assoupli depuis l'automne sa politique monétaire, pour soutenir l'activité.

Objectif : réduction de l'inflation

Le gouvernement a fixé comme l'an passé un objectif d'inflation de 4% pour l'ensemble de 2012. En 2011, la hausse des prix s'était finalement élevée à 5,4%. 

L'inflation est un important facteur de mécontentement de la population, et potentiellement d'instabilité sociale, que le gouvernement chinois craint particulièrement en cette année de passage de témoin du pouvoir à une nouvelle génération de dirigeants. 

"Une moindre pression inflationniste suggère que le gouvernement aura plus de marge de manoeuvre pour mettre en oeuvre des mesures sélectives d'assouplissement pour prévenir un ralentissement de la croissance", a réagi dans une note d'analyse Jing Ulrich, économiste de la banque J.P. Morgan.

La hausse du Produit intérieur brut (PIB) de la Chine s'est ralentie tout au long de l'année 2011, passant de 9,7% au premier trimestre à 8,9% au quatrième. Elle devrait continuer à décélérer au premier trimestre de cette année, selon les analystes.

Evolution "inquiétante"

En février, les prix à la production, un indicateur avancé qui permet d'anticiper l'inflation à venir, sont restés stables, a aussi indiqué le BNS

Cette évolution des prix à la production est même jugée "inquiétante" par Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight, qui estime qu'elle signale "un fort recul de la demande". 

Cet analyste relève également que la hausse des prix en février est plus faible que les taux d'intérêt versés aux épargnants sur leurs comptes bancaires, ce qui pourrait "aggraver le recul du secteur immobilier", dans lequel les Chinois plaçaient leurs économies, mais qui connaît une baisse des prix depuis l'automne.

Un facteur d'incertitude pesant sur l'inflation reste néanmoins les cours mondiaux du pétrole, qui sont orientés à la hausse. 

"Les prix du pétrole pourraient continuer à progresser en raison des tensions sur le programme nucléaire iranien et des inquiétudes sur les livraisons en provenance du Soudan, de la Syrie et du Yémen", selon Mme Ulrich, de J.P. Morgan. 

Aussi le gouvernement devrait-il "rester prudent avant de crier victoire sur l'inflation", selon Brian Jackson, de la Banque royale du Canada, qui ne "s'attend pas à un grand changement d'orientation de politique économique à court terme". 

A l'instar des autres analystes, il juge toutefois possible un nouvel abaissement des taux de réserves obligatoires des banques, qui pourraient alors prêter davantage.

Hausse de la production industrielle et des ventes de détail ralentie

La hausse de la production industrielle a ralenti à 11,4% en Chine en janvier et février, tandis que celle des ventes de détail a également fortement décéléré pour la même période, à 14,7%, a rapporté vendredi le gouvernement. 

L'augmentation de la production industrielle est la plus faible depuis juillet 2009 et nettement inférieure aux prévisions des analystes qui tablaient en moyenne sur 12,4% de hausse.

La crise de la dette en Europe et la faiblesse de la croissance aux Etats-Unis ont notamment frappé les exportateurs chinois, tandis que le gouvernement répugne à assouplir fortement sa politique monétaire, de peur de relancer une inflation qu'il vient juste de réussir à endiguer au second semestre 2011. 

La hausse des ventes de détail, principale jauge de la consommation des ménages, a ainsi reculé de 3,4 points de pourcentage par rapport au mois de décembre et se situe loin en dessous des 17,1% de hausse enregistrés pour l'année 2011.

Enfin les investissements en capital fixe dans les villes, qui contribuent pour plus de la moitié à la formation du Produit intérieur brut (PIB) chinois, ont progressé de 21,5% durant les deux premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2011. L'an dernier, ils avaient progressé de 23,8%. 

L'objectif de croissance arrêté par le gouvernement pour ces investissements est de 16% pour 2012, tandis que celui pour les ventes de détail n'est que de 14%, malgré la volonté de Pékin de rééquilibrer en faveur de la consommation des ménages son modèle économique.

 

 

Commentaire 1
à écrit le 11/03/2012 à 9:30
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Alors que de nombreux économistes prévoyaient un ralentissement passager, un simple coup d'oeil aux indicateurs des années précédentes permettaient d'anticiper les difficultés en chine. Globalement les chinois n'ont pas été incompétent dans la gestio...

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