L'Egypte en pleine crise politique à moins de deux mois de la présidentielle

Le Parlement dominé par les Frères musulmans et les autorités militaires chargées de la transition s'affrontent : en jeu la formation de la Constituante et la politique économique du gouvernement. Les autres partis ne veulent pas être marginalisés. Cette crise politique s'inscrit dans une dégradation de la conjoncture économique.
Militants du candidat islamiste conservateur Hazem Salah Abu Ismail /AFP

Le bras de fer entre la majorité parlementaire, dominée par le parti des Frères musulmans et le Conseil suprême des forces armées en charge de la transition politique en Egypte est entrée dans une phase de crise politique ouverte. L'hostilité des deux parties s'est cristallisée autour de la formation de l'assemblée constituante, les islamistes s'étant taillés la part du lion dans les 100 représentants.

Mercredi, c'est sans grande surprise que le président de l'Assemblée du peuple, Saad El Katatni, a été élu à la tête de la Constituante. Depuis quelques jours, les membres des partis libéraux et les personnalités indépendantes ont annoncé leur démission de l'Assemblée constituante. Des représentants coptes et des femmes ont aussi protesté contre la faible représentativité de ce corps chargé de rédiger la loi fondamentale. Deux milles personnes ont manifesté hier à l'appel des partis libéraux. La Cour constitutionnelle doit se prononcer sur la légalité de cette assemblée. Dans ce contexte, il est peu probable que les débuts des travaux de la Constituante puisse avoir lieu avant l'élection présidentielle, prévue le 23 mai prochain.

Le blocage des Frères musulmans

Mercredi, c'est le représentant d'Al Azhar, tenant de l'islam officiel qui claquait la porte de la Constituante. "Al Azhar a rédigé il y a plusieurs mois déjà un document de base pour la nouvelle constitution, c'est un travail remarquable", note ce diplomate occidental. C'est aussi ce qu'a déclaré l'armée demandant à la Constituante de s'appuyer sur ce document, injonction rejetée par les Frères. L'armée tente ainsi de se poser en héraut du consensus, consultant les différents parts politiques. Ayman Nour, un opposant de longue date du régime d'Hosni Moubarak, a été gracié mercredi, par le maréchal Tantawi ce geste des autorités au pouvoir lui permettant de participer à la course présidentielle. L'éditorialiste Wael Qandil a dénoncé ce jeu de dupes, renvoyant dos à dos l'armée et les Frères musulmans, accusés de se comporter pareillement comme un "Etat dans l'Etat (...) livrant l'Egypte aux divisions."

Interrogations sur l'économie

Pendant ce temps, les performances négatives de l'économie égyptienne continuent de s'égrener : les réserves internationales s'élèvaient à 15,7 milliards de dollars en février et pourrait baisser à 10,4 milliards de dollars d'ici juin, a déclaré un responsable du ministère de la Défense chargé des Affaires financières. Le chômage à atteint près de 13% au dernier trimestre, et la balance des paiements affiche un déficit de 8 milliards de dollars à l'issue du premier semestre de l'année fiscale (débutée en juillet 2011). Les investissements étrangers sont dans le rouge avec une fuite de 418 millions de dollars sur la même période.
 

L'économie du pays et la politique du gouvernement Ganzouri, désigné par l'armée, sont depuis plusieurs semaines mises sur la sellette par la majorité islamiste. Jeudi, le groupe parlementaire chargé du budget a officiellement rejeté la déclaration du gouvernement sur l'économie. Une signature prochaine du prêt du FMI de 3,2 milliards de dollars apparaît de plus en plus incertaine. Les délégations de l'organisation, régulièrement en visite au Caire, ont fait savoir qu'elles visaient à obtenir un consensus politique, et donc l'assentiment des Frères musulmans. Un objectif qui paraît de plus en plus lointain.

Commentaires 2
à écrit le 02/04/2012 à 12:28
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Ne pas oublier l'origine de tout "merdier" qui se propage au Mali qui n'en demandait pas tant. Ce n'est pas un certain BHL qui est à l'origine de tout ça? "Ecrivain philosophe" ne veut pas dire expert en géopolitique internationale c'est sûr.

à écrit le 01/04/2012 à 11:13
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Il faudrait peut-être enfin admettre que l'on a créé un beau "merdier" en Afrique du Nord. L'ingérence humanitaire n'était en fait qu'une interférence énergétique et stratégique. On a donné des armements ultra modernes payés par les contribuables fra...

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