Brasilia veut contraindre les banques à réduire leurs taux

Le gouvernement brésilien veut favoriser l'accès au crédit pour relancer son économie. Les banques privées font grise mine.
Dilma Rousseff, présidente fédérale du Brésil. Copyright Reuters

Ce dimanche soir, à l?heure où les Brésiliens s?installeront devant leur téléviseur pour regarder « Fantastico », le programme de reportage le plus populaire du pays, c?est peut-être la pause publicité qui marquera le plus les esprits. Les deux principales institutions publiques, la Banque du Brésil et la Caisse économique fédérale ont prévu d?y faire des annonces explosives : la baisse drastiques des taux d?intérêts pour les crédits aux consommateurs et aux entreprises, jusqu?à 78% dans certains cas.

Rupture

Cette décision, prise sous l?impulsion de la présidente Dilma Rousseff, est une véritable rupture. Le gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva avait déjà mis à contribution les banques publiques, exigeant qu?elles continuent à prêter durant la crise de 2008 pour compenser l?assèchement du secteur privé, et en criant des lignes spécifiques pour le logement populaire. Mais le « spread bancaire », c?est-à-dire la différence entre le taux du marché interbancaire et le taux offert aux clients, était sensiblement le même, très élevé. « Nous sommes dans une situation où le consommateur paye un taux d?intérêt mensuel de 6, 7, voire 8% par mois, alors que l?inflation mensuelle ne dépasse pas 0,5%. C?est un scandale, nous sommes dans une situation de trust bancaire », déclarait récemment Paul Singer, secrétaire national de l?économie solidaire, un intellectuel influent au sein du gouvernement. La situation est d?autant plus absurde que les banques brésiliennes sont très bien capitalisées.

Relancer la croissance

Malgré la crise mondiale, le crédit reste dynamique au Brésil : il a augmenté de 20% en 2010, année de forte croissance (7,5%), et de 17% en 2011, une année pourtant décevante (2,7% de hausse du produit intérieur brut). Les ménages consomment à un rythme plus élevé que le reste de l?économie, grâce à des revenus mieux répartis, fruit des politiques sociales, et aux salaires en hausse, conséquence d?un chômage historiquement bas, inférieur à 6%. Pour relancer la croissance, le gouvernement vient d?annoncer une batterie de mesures, injectant quelques 60 milliards de reais (25 milliards d?euros) pour permettre à l?industrie d?être plus compétitive. Mais sa principale préoccupation reste le dynamisme de la demande intérieure : Brasilia a augmenté de 14% le salaire minimum en début d?année. Même s?il table sur la confiance des ménages ? 77% des Brésiliens approuvent l?action de Dilma Rousseff ? le gouvernement a démontré cette priorité, en poussant les banques publiques à casser le marché.

Réplique des banques

Mardi, les représentants des banques privées iront négocier avec le gouvernement une baisse de leurs taux. Elles demandent en échange un accès plus simple à l?historique des emprunteurs et des réductions d?impôts. Quel que soit la réponse de Brasilia, il est urgent pour elles de contre-attaquer. L?enjeu est de garder leur clientèle, mais surtout d?attirer les quelques 40 millions de personnes de la « nouvelle classe moyenne », qui ont dépassé le seuil de pauvreté au cours de la dernière décennie pour accéder au monde de la consommation.


 

Commentaires 13
à écrit le 08/04/2012 à 6:18
Signaler
pretez nous DILMA pendant quelques années pour relancer la croissance en France!!!

à écrit le 08/04/2012 à 0:04
Signaler
eh oui il serait fort associal de ne pas s'endetter en engorgeant les décharges de produits inutiles... la seule chose qui ne sera pas éphémère c'est la misère lorsqu'il faudra rembourser et la frustration du drogué lorsqu'il ne pourra plus consommer...

à écrit le 07/04/2012 à 13:42
Signaler
Oui pour créer une belle bulle immobilière comme en Espagne, les deux pays sont tellement semblables..

le 07/04/2012 à 15:26
Signaler
Les USA , l'Irlande ont bien eu le droit de le faire ... et en nous refourguant les dettes après ... Ceci dit si leurs banques appliquent des taux d'usuriers il est normal qu'ils encadrent ces acteurs qui n'ont pas toujours démontré la plus grande ef...

à écrit le 07/04/2012 à 3:35
Signaler
Il était grand temps que la Présidente Rousseff mette un terme à cette situation. Au Brésil, avec une inflation annuelle qui dans la dernière décennie oscille entre 5% et 7% par an, les banques pratiquent des taux d'usure de 4% à 16% par MOIS... Soi...

à écrit le 06/04/2012 à 23:10
Signaler
Il n'y a rien à négocier avec les banques, il faut le leur imposer. Ce qui se passe au Brésil est un début et il faut s'en inspirer. Le crédit est une ignominie, il est la cause principale de la crise actuelle. Il a été mis en place à partir de 1975 ...

à écrit le 06/04/2012 à 18:55
Signaler
Keynes a encore frappé ! Décidément, rarement un bonhomme aura provoqué autant de malheurs à travers le monde avec ses thèses absurdes. Pauvres brésiliens... Encore une politicienne qui imagine qu'elle peut faire joujou avec l'économie et les humains...

le 07/04/2012 à 5:25
Signaler
Vous êtes completement hors-sujet.

le 07/04/2012 à 13:04
Signaler
Voilà, c'est ça... Comme Keynes, il y a toujours un petit malin qui croit avoir tout compris.

le 07/04/2012 à 15:21
Signaler
Pauvres brésiliens , pauvres brésiliens ... ? ils sont de moins en moins pauvres et leur classe moyenne grossi toujours plus .... Ils semblent être surtout efficaces !! et effectivement se fichent des dogmes libéraux divins ...

le 07/04/2012 à 20:05
Signaler
C'est bien parce qu'ils ont d'abord converti leur pays au libéralisme que les Brésiliens sont sortis de la pauvreté et que leur classe moyenne a grossi. Mais ils vont rapidement déchanter quand les conséquences des politiques socialistes menées depui...

le 08/04/2012 à 6:21
Signaler
VC'est donc le socialisme qui nous conduit depuis 5 ans à la catastrophe!!!même si le socialisme revient , cel ne pourra être pire qu'aujourd'hui!!

le 08/04/2012 à 18:26
Signaler
C'est exactement le contraire , le Bresil a toujours été un pays de Droite pure qui végétait avec des ses ultra riches et ses millions de pauvres ... Puis est arrivé Lula (de gauche) et c'est à ce moment là seulement que le pays a commencé a se dével...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.