Vinci au coeur d'un scandale écologique en Russie

L'autoroute à péage Moscou Saint-Pétersbourg, un projet de partenariat public-privé à huit milliards d'euros construit en partie par le groupe français, suscite un tollé. Lundi, un défenseur de l'environnement a été violemment agressé tandis qu'un autre a reçu un prix international.
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Vinci n?a officiellement pas encore démarré la construction du tronçon controversé qui coupe en deux le plus ancien bois bordant la périphérie Nord de Moscou. Mais le groupe français est déjà accusé par les écologistes, photographies satellites à l?appui, d?assécher une rivière, d?aménager la zone et d?endommager l?environnement. Eko-Oborona, un groupe d?activistes, a posté lundi sur son site Internet des photos montrant que des travaux ont commencé entre janvier et mars. Vinci affirme que le choix du tracé et sa préparation (assèchement et coupe des arbres) sont exclusivement du ressort des autorités russes, mais Eko-Oborona indique au contraire que seul le consortium NWCC dirigé par Vinci possède l?autorisation d?opérer des travaux sur cette zone.

Agressions

 

La construction du tronçon (15 à 58km) sous la responsabilité de Vinci suscite un violent débat entre les autorités, qui ont accordé la concession à NWCC, et les défenseurs de l?environnement depuis 2008. Ces derniers reprochent à NWCC d?avoir choisit le tracé le plus dommageable à l?environnement, puisqu?il coupe en deux le bois de Khimki, surnommé le « poumon vert » avec ses 1000 hectares. Le conflit été émaillé de trois agressions contre des défenseurs de l?environnement, dont la dernière a eu lieu lundi. Alexeï Dmitriev, 23 ans, a subit un traumatisme crânien et son bras droit a été brisé par des inconnus alors qu?il sortait de chez lui. Depuis l?hôpital où il est traité, Dmitriev se dit persuadé que l?agression est liée à son activisme contre la destruction du bois de Khimki. Mikhaïl Beketov, un journaliste de Khimki dénonçant le projet, a lui perdu une jambe et quatre doigts suite à une attaque du même genre en 2008. Les auteurs des agressions n?ont pas été interpellés et les enquêtes sont au point mort.

Succès des opposants

 

La lutte contre l?autoroute a connu aussi des succès. En 2010, le président Dmitri Medvedev a ordonné un gel temporaire de la construction. Et lundi, la figure de proue du mouvement de défense de Khimki, Evguenia Tchirikova a reçu le prestigieux prix Goldman pour la défense de l?environnement, avec 150 000 dollars à la clé. Cette dernière a déclaré à La Tribune que « Vinci a créé toute une série de sociétés offshore pour Arkadi Rotenberg [coactionnaire de NWCC], un ami de [Vladimir] Poutine. La complicité avec le Poutinisme corrompt Vinci, mais beaucoup de gens en Occident commencent à comprendre qu?en encourageant cette mafia, ils vont au devant de sérieux problèmes ». La BERD et la Banque Européenne d?Investissement, qui envisageaient de cofinancer le tronçon à 1,5 milliards d?euros, se sont retirés du projet début 2011 à cause du scandale environnemental.

Complexité des constructions

 

Les opposants à l?autoroute soulignent que plusieurs tracés épargnant le bois de Khimki ont été abandonnés parce qu?ils empiétaient sur de futures zones commerciales. Ils pointent du doigt la structure de propriété opaque de NWCC et la « manière douteuse » dont la société a obtenu la concession pour 30 ans. Sans répondre directement aux accusations des écologistes, le porte-parole de Vinci Maxence Naouri a rappelé que « Les projets de concession ou de construction que nous menons sont de plus en plus complexes: ils impliquent des parties prenantes de plus en plus nombreuses et aux intérêts divergents. Nous condamnons tous les actes de violence et d?agression contre les individus ou envers les différentes parties prenantes au projet. »

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