La croissance américaine ralentit, l'emploi inquiète

Au premier trimestre, le Produit intérieur brut (PIB) américain n'a progressé que de 2,2% en rythme annuel, en nette baisse par rapport au trimestre précédent. Un nouveau signe du tassement de la reprise aux Etats-Unis.
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La bonne surprise n'aura pas eu lieu. Rassurés par des résultats d'entreprises nettement supérieurs à leurs attentes, les marchés américains s'étaient pris à espérer ces derniers jours une progression plus importante qu'initialement attendu de l'activité économique américaine au cours du premier trimestre 2012. Las, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) a déçu, ressortant seulement à 2,2% en rythme annualisé. Le consensus des économistes misait sur un gain de 2,5%, contre la progression de 3% enregistrée au quatrième trimestre 2011.

Ce ralentissement apparent de la croissance "ne reflète pas la santé de l'économie", nuance cependant Mark Zandi, économiste chez Moody's, notant que la principale explication de la baisse provient de l'important repli des dépenses de l'Etat, notamment dans le secteur de la défense. Reste que l'investissement des entreprises a également fortement reculé, se contractant de 2,1% en rythme annualisé après un bond de 5,2% en fin d'année dernière. Il affiche ainsi sa première baisse depuis l'automne 2009. "Cela pourrait n'être que temporaire", estime Mark Zandi.

Inquiétudes sur le front de l'emploi

Le rapport du département du Commerce réserve également de bonnes nouvelles. La consommation des ménages s'est encore accélérée sur le trimestre, pour atteindre une progression de 2,9%. C'est sa plus forte hausse depuis la fin 2010. Les économistes n'attendaient qu'un gain de 2,3% après celui de 2,1% au quatrième trimestre 2011. L'investissement dans le logement a, lui, bondi de 19,1%, sa meilleure progression depuis le printemps 2010. Enfin, la croissance du PIB a été bien plus forte une fois exclue la reconstitution des stocks des entreprises (qui avait contribué pour plus de moitié à la croissance du trimestre précédent): 1,6%, soit 0,5 point de mieux par rapport à la fin 2011.

Si la croissance de l'activité économique reste encore robuste - surtout lorsqu'on la compare avec la situation en Europe -, plusieurs signaux d'alarme se sont allumés ces dernières semaines. Notamment sur le front de l'emploi après plusieurs mois d'amélioration sensible, qui avaient fait chuter le taux de chômage à 8,2% de la population active. En mars, seulement 120.000 postes ont été créés aux Etats-Unis, un très net ralentissement par rapport aux mois précédents. Cette tendance se traduit dans les demandes hebdomadaires d'allocations chômage: elles sont élevées à 388.000 la semaine dernière, ne baissant pas après le bond observé au cours des semaines précédentes.

Les commandes de biens durables en recul de 4,2%

"Ces chiffres confirment qu'il est difficile de maintenir une croissance de l'emploi sans une forte croissance économique", estime Jeremy Lawson, économiste chez BNP Paribas à New York. "Nous entrons maintenant une période charnière: les mois d'avril et de mai sont généralement propices aux embauches", poursuit-il. Le deuxième trimestre devrait ainsi constituer un test pour l'économie américaine alors que les chiffres de l'emploi avaient bénéficié en début d'année d'une météo clémente ayant notamment soutenu le secteur de la construction. "Nous ne pouvons pas affirmer que l'amélioration récente pourra se poursuivre", reconnaissait fin mars Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale.

D'autres statistiques se sont également révélées inquiétantes. Les commandes de biens durables, publiées mercredi, ont ainsi accusé en mars une chute inédite depuis janvier 2009, reculant de 4,2%. "C'est une preuve supplémentaire que l'économie a stagné en mars", juge Ellen Zentner de Nomura, alors que la production industrielle est restée stable au cours des deux derniers mois. Quant à la confiance des ménages, très importante au sein d'une économique basée aux deux-tiers sur la consommation, elle s'affiche en stagnation, voire en légère baisse. Enfin, la situation sur le marché immobilier reste précaire, les ventes de logements ayant reculé en mars, dans le neuf comme dans l'ancien.

Optimisme de la Fed

Tous ces signes peu rassurants mettent en lumière que - contrairement aux commentaires les plus optimistes - la reprise américaine reste fragile et toujours dépendante des ralentissements enregistrés en Europe et dans les puissances émergentes. Au premier trimestre, le PIB chinois n'a ainsi progressé "que" de 8,1%, soit près d'un point de moins qu'au cours des trois mois précédents. La récession a fait son retour au Royaume-Uni en début d'année. Et elle devrait toucher la zone euro sur l'ensemble de l'année. A tout cela s'ajoutent les cours du pétrole, toujours élevés, même si les prix à la pompe ont légèrement reculé, s'éloignant quelque peu de la barre symbolique des 4 dollars le gallon.

Pourtant, la Réserve fédérale se veut résolument optimiste. Mercredi, la banque centrale américaine a ainsi relevé sa prévision de croissance pour 2012, estimant que la première économie mondiale devrait afficher un rythme de progression compris entre 2,4 et 2,9%. Sa précédente fourchette allait de 2,2 à 2,7%. Fin 2012, l'institution estime que le taux de chômage pourrait se situer entre 7,8 et 8% (contre 8,2%-8,5% précédemment). Ben Bernanke, le président de la Fed, a cependant assuré qu'il se tenait prêt à mettre en place des nouvelles mesures de soutien si cela s'avérait nécessaire. La Fed maintiendra en tout cas sa politique monétaire ultra-accommodante au moins jusqu'à 2014. De quoi soutenir la croissance.

Commentaires 2
à écrit le 28/04/2012 à 23:02
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L'économie US en panne? ça repartira quand le pétrole sera a 50 dollars le baril, l'Iran a gagné le premier round.

à écrit le 27/04/2012 à 18:27
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Vivement que ça reparte une bonne fois pour toute car ce n'est pas très probant. Heureusement que nos amis américains sont des optimistes incorrigibles et consomment. Avec quel argent, je ne sais pas...

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