Nudité et humour : comment les étudiants québecois manifestent contre la hausse des frais de scolarité

Par latribune.fr (source AFP)  |   |  391  mots
AFP - Des étudiants de Montréal manifestent contre la hausse des frais de scolarité
Pour protester contre une hausse des frais de scolarité, les étudiants québécois ont choisi la manière originale : ils ont décidé d'investir les rues de Montréal, et de défiler nus, au rythme des slogans "Le corps étudiant contre la hausse", "Charest tu veux notre peau", "On se les gèle pour le gel"...

On ne pourra pas dire que les étudiants québécois manquent de conviction, d'audace et d'originalité. A la douzième semaine d'une grève étudiante marquée par des centaines de marches, ponctuée de heurts avec les policiers, les manifestants ont joué le grand jeu jeudi soir. Poitrine dénudée, les mamelons à peine recouverts d'un ruban rouge - couleur du mouvement d'opposition à la hausse des droits de scolarité - pour les femmes; torses velus, jambes blanches et slip pour les hommes, les étudiants ont paradé dans les rues de la métropole québécoise sous une pluie fine. Des milliers d'étudiants opposés à la hausse des droits de scolarité ont défilé nus jeudi dans les rues de Montréal, sous le regard amusé des policiers, pour exiger plus de "transparence" du gouvernement de la province confronté à une contestation estudiantine sans précédent.

"Le corps étudiant contre la hausse", "Charest tu veux notre peau", "On se les gèle pour le gel" des droits de scolarité, avaient peint les manifestants sur des pancartes ou directement sur leur peau. Plus de 170.000 étudiants de la province francophone de huit millions d'habitants s'opposent toujours à l'imposition d'une hausse de 1.625 dollars canadiens sur cinq ans (1250 euros) des droits de scolarité à l'université. Avec cette augmentation annuelle de 325 dollars, les étudiants et leurs familles devraient débourser à l'avenir 3.800 dollars soit 2925 euros.

Tentant de dénouer l'impasse, le Premier ministre québécois Jean Charest a proposé la semaine dernière une hausse de 1.785 dollars sur sept ans (255 dollars/an) et une valorisation des bourses étudiantes, mais cette offre a été balayée du revers de la main par les associations étudiantes en grève. Celles-ci plaident soit pour un gel des droits de scolarité, soit pour la gratuité scolaire, et exigent des états généraux sur le financement et la gestion des universités québécoises, fréquentées d'ailleurs par quelque 10.000 Français.

Les étudiants ont promis d'assiéger vendredi la petite municipalité de Victoriaville (170 kilomètres à l'est de Montréal) où a lieu le congrès du Parti libéral québécois (PLQ) du Premier ministre Charest, faisant fuir ce dernier : la formation au pouvoir depuis neuf ans devait se réunir à Montréal, mais a décidé de changer de lieu afin d'éviter les manifestations.