Les investissements augmentent en Afrique

Par Ram Etwareea (Le Temps)  |   |  601  mots
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L'édition Afrique du World Economic Forum débute ce mercredi à Addis-Abeba. Un rapport casse les idées reçues sur le continent. Un article de notre partenaire "Le Temps".

L'Afrique, 1 milliard d'habitants et 2000 milliards de dollars de produit intérieur brut, se transforme à grande vitesse. Six des dix pays dans le monde les plus dynamiques sont africains. Alors que la zone euro est toujours plongée dans la récession et que les Etats-Unis espèrent atteindre un taux de croissance de 2,2% en 2012, le continent noir vise les 6%. Ses points forts: la stabilité économique et politique dans de nombreux pays ainsi que le boom de la demande mondiale des matières premières dont elle est l'un des principaux fournisseurs. Ensuite, les investissements directs étrangers (IDE), après deux ans de ralentissement, augmentent. Le nombre de projets s'élève à 857 l'an dernier, soit un peu plus du double comparé à 2007.

C'est dans ce contexte que le World Economic Forum (WEF) organise, de mercredi à vendredi, à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, son édition annuelle dédiée à l'Afrique. Plus d'un millier de participants (chefs d'Etats, ministres, hauts fonctionnaires et dirigeants d'entreprises et d'organisations internationales) débattront des opportunités qui s'ouvrent à présent au continent. Tout en sachant que la volatilité des prix des matières premières, l'insuffisance alimentaire, le chômage de jeunes et les effets néfastes liés au changement climatique (désertification, migration) constituent des défis à ne pas minimiser. Le renforcement du leadership africain, la gestion des IDE, les infrastructures, le commerce intra-africain ainsi que l'innovation seront au c?ur des délibérations. «Le continent s'apprête à devenir l'un des pôles mondiaux de la croissance», a expliqué Elsie S. Kanza, cheffe de la division Afrique au WEF, à la veille de la réunion.

Un rapport publié lundi par les consultants Ernst & Young (E&Y) intitulé «Building Bridges» arrive à point nommé. Il traite notamment des IDE. Certes, le continent africain n'attire que 5,5% des flux globaux. En termes réels, les montants n'ont pas retrouvé le niveau d'avant-crise - 72 milliards de dollars en 2008, contre 52 milliards en 2011 -, mais le nombre de projets reprend l'ascenseur depuis deux ans. Entre 2003 et 2011, les infrastructures (transport, communication et énergie) attirent la part du lion (38%), suivies de l'industrie manufacturière (29,6%) et de l'industrie minière (27,6%). E&Y souligne qu'une partie des investissements est dirigée vers les produits de consommation destinés à une classe moyenne en expansion. E&Y indique également que 26 pays sont à présent membres de l'une des trois zones africaines de libre-échange, soit un bassin de population de 600 millions d'habitants et un produit intérieur brut de 1000 milliards de dollars. Le commerce intra-africain a augmenté de 35 millions de dollars en 2002 à 103 millions en 2010.

Désormais, outre les multinationales et des fonds souverains, des fonds d'investissements lorgnent également le continent. Le tout dernier: BTG Pactual, la principale banque d'investissement brésilien, a créé la semaine dernière un fonds de 1 milliard de dollars, ce qui fait de lui le plus important sur le continent.

Les mauvaises perceptions sur l'Afrique ont toujours la peau dure et le rapport d'E&Y s'emploie à en démentir quelques-unes. Des investisseurs croient que l'environnement des affaires est plus difficile en Afrique. En réalité, le rapport fait remarquer que selon le classement «Ease of doing business ranking» de la Banque mondiale, 14 pays africains ont de meilleures notes que la Russie, 16 sont meilleurs que le Brésil et 17 que l'Inde.

L'Afrique corrompue? Alors qu'il s'agit bien de l'un des grands fléaux du continent, 14 pays sont plus «propres» que l'Inde, selon les indices de Transparency International. Pas moins de quatre pays (Botswana, Cap-Vert, Maurice, Seychelles) obtiennent de meilleures notes que l'Italie.

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